Bien qu'il soit construit depuis plus de vingt ans, l'hôpital d'Imoula, dans la commune de M'cisna (wilaya de Béjaïa), ne répond plus aux aspirations des populations locales. À vrai dire, l'abandon de ce joyau architectural répond à des desseins inavoués. Aujourd'hui, les plus avertis s'interrogent sur les raisons ayant poussé les gestionnaires à agir de la sorte. Il faut, en revanche, souligner que cette structure géante, dont la gestion dépend du secteur sanitaire d'Akbou, ne fut construite que grâce aux cotisations des populations locales. Le terrain ayant servi d'assiette pour cet hôpital a été, également, l'objet d'un don émanant de la population loin de toute subvention étatique ou autre source de financement. Cependant, il fut un temps où l'hôpital d'Imoula reflétait la fierté de toute une région marginalisée. En plus des signes de délabrement, la situation de cet hôpital ne reflète que les effets de la politique du laisser-aller constant. “Sinon, comment interpréter le fait de voir aujourd'hui l'hôpital se vider de son âme au fil des jours ?” déplore un citoyen du village. “C'est une structure agonisante”, enchaîne un autre, sans pour autant soulever l'effet néfaste et les séquelles du coup fatal engendré par l'exportation du matériel déjà existant vers d'autres structures. Il est à souligner dans ce cadre que l'hôpital, initialement à vocation régionale, pourra être au service de plusieurs régions, telles que M'cisna, Béni-Maouche, Sidi-Aïch, Beni-Djellil, Timezrit, Sidi-Ayad, Semaoun, etc. La position géographique du village d'Imoula permet à toutes ces localités d'évacuer les patients vers cet établissement hospitalier. Depuis son ouverture officielle, les citoyens sont sidérés de constater que l'hôpital ne représente réellement qu'une bâtisse dépourvue de tous moyens. Cependant, et à défaut de praticiens spécialisés, infirmiers, sages-femmes, les salles sont à leur tour réduites à des murs sans plus. Plus de 27 salles destinées à plus d'une quinzaines de services, une cour spacieuse, des services de maintenance et d'entretien, tout cela n'était, en vérité, que “de la poudre aux yeux”, déplorent les citoyens ayant tout misé sur la réalisation de cet hôpital. S'ajoutent à tous ces maux, le délabrement de la route menant vers le village, son enclavement, son éloignement et fort probablement le désintéressement des médecins qui ne s'aventureraient pas dans une telle zone. À un moment, le médecin généraliste, natif et résidant du village, qui assurait tant bien que mal des consultations, aidé d'un infirmer, est parti vers d'autres cieux, laissant pour longtemps le deuxième village de la commune privé de médecin. Quant aux moyens d'évacuation en cas d‘urgence, il faut prier le ciel et recourir aux clandestins peu scrupuleux. L'hôpital d'Imoula a été, lors du mandat de la dernière APC, l'objet d'une tentative de détournement de sa vocation initiale. En effet, les responsables de l'APC d'alors voulaient transformer une partie de cet hôpital en une école fondamentale. Chose vite décriée et dénoncée par les villageois qui ont mené des actions de protestation, s'opposant à toute forme d'amputation de leur hôpital. Face à cette contestation, l'ex-maire de Mcisna a fini par renoncer à son projet. Et pourtant, le ministre de la Santé a déclaré que “les hôpitaux ouvrent droit et sans recours à s'équiper”. O. Aït Ouakli