Le pianiste canadien de renom, Alain Lefèvre, est revenu “bouleversé” d'Oran, où il a animé des Master Class avec des étudiants en musique et donné un concert au TRO, jeudi dernier. “Au moins 75% du public avait moins de 30 ans. Je n'ai jamais vu ça ailleurs dans le monde”, a-t-il estimé, hier matin, devant un parterre de jeunes journalistes, à l'occasion d'un point de presse, animé en compagnie de l'ambassadeur du Canada en Algérie, M. Robert Peck, au centre culturel Aïssa- Messaoudi. Autres lieux, autres mœurs. Le musicien rend aussi compte de ses observations quant à l'auditoire de la musique classique dans les pays occidentaux, selon lui de plus en plus vieillissant. Dans ces contrées, “les jeunes bougent en masse quand il y a de la musique rock ou pop”, et, en contrepoint, dans les concerts classiques, on assiste à des festivals de “têtes blanches”, si ce n'est de “fauteuils roulants”. Le remède ? “Une révolution culturelle” qui déboucherait sur un monde où tous les jeunes pourront dire : “J'ai écouté une symphonie de Beethoven.” Ce musicien, qui rêve aujourd'hui de refaire le monde, aurait pu devenir lui-même un anticlassique,n'était l'intervention de son père qui le met devant un piano dès l'âge de 5 ans. Un an plus tard, l'enfant signe son premier concert. Le talent y est, mais le talent seul ne suffit pas. Alors, ce sera huit heures d'exercice par jour, sept jours sur sept. Une discipline de fer que le musicien observe scrupuleusement, depuis trente-cinq ans. Neuf fois 1er prix de piano du Concours de musique du Canada, 1er prix de piano et de musique de chambre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, concertiste connu et reconnu, Alain Lefèvre a l'intention aujourd'hui de “rendre l'appareil”. Sa halte algérienne, par exemple, lui a inspiré l'idée d'y faire venir des instruments au profit de jeunes musiciens. Avant de s'en retourner au pays de l'érable, il donnera un concert ce soir à 19h, à Ibn Zeydoun. Concert où il sera question de Chopin, Rachmaninov, André Mathieu (dont il admire particulièrement l'œuvre), compositions personnelles… et d'une petite “surprise”, un jeune musicien rencontré à Oran, qui “devrait émouvoir tous les Algériens”. Entrée libre. Djamel Belayachi