L'artiste canadien a apporté son mi majeur au Festival culturel du mois européen... Acclamé par la critique internationale, Alain Lefèvre soulève l'enthousiasme des foules partout où il se produit. Une réputation solide et une virtuosité confortée, lundi dernier à la salle Ibn Zeydoun où certaines personnes se sont quasiment battues pour pouvoir assister à son concert, n'était la diplomatie de Son Excellence l'ambassadeur du Canada qui a calmé les choses. Alain Lefèvre entamera son récital par un hommage appuyé au pianiste André Mathieu, qui a composé juste pour l'anecdote, son 1er concerto à l'âge de 7 ans! «C'est la belle preuve de génie que j'ai trouvé», dira de lui Inchtain. Une musique bouleversante que le pianiste nous fera découvrir tout en racontant la triste vie de cet immense artiste qui a connu une fin tragique. Il faisait, à 38 ans, du porte-à-porte pour vivre ! Or, pour cet enfant-compositeur, un cachet par concert était de l'ordre de 2000 dollars. «C'était colossal !». Il mourut dans la pauvreté, confie Alain Lefèvre qui nous jouera L'été canadien puis Mouettes. Une oeuvre composée par André Mathieux en une nuit seulement. On comprend ainsi tout l'attachement de Alain Lefèvre pour cet artiste maudit et son amour incommensurable pour la musique classique et surtout son devoir de la pérenniser. Le printemps canadien, autre morceau joué brillamment par le pianiste fut écrit à l'âge de 7 ans. «Serge Hachmaninof avait été impressionné par les immenses mains du jeune André Mathieu», dira Alain Lefèvre qui informe presque soulagé, qu'une production hollywoodienne s'intéresse à produire un film sur la vie d'André Mathieu. Ses accords complexes de notes et son énergie démontrent tout son talent. «C'était un musicien extraordinaire qui parvenait à transmettre l'amour avec une telle finesse et une pudeur!», dira le pianiste qui exécutera des morceaux parfumés à la mémoire de André Mathieu. Alain Lefèvre poursuivra son récital par l'exécution de trois pièces de Chopin avant de souligner: «Je suis effrayé par la musique que nos jeunes écoutent aujourd'hui. Ce sont des cochonneries.» Alain Lefèvre qui n'a pas la langue dans sa poche, dira la phrase de plus quand il critiquera les Beatles ou encore les Rolling Stones. Il se fera hué. Un musicien sortira même de la salle. Fervent défenseur de la musique classique, nous l'avons compris, Alain Lefèvre commettra une certaine bévue à l'encontre de ses autres compères musiciens...Mais faut-il le blâmer ! Tout le monde sait qu'aujourd'hui c'est rare qu'un jeune soit attiré par le musique classique...Un coup de gueule. Mais enfin... Et parlant de jeunesse, Alain Lefèvre évoquera la nécessité d'assurer la relève, joignant l'acte à la parole, il invitera à l'accompagner, un jeune violoncelliste, découvert récemment à l'Insm. Alain Lefèvre fera de nombreuses surprises comme celle-ci, conviant nos jeunes talents en manque de moyens à se produire pour une fois dans leur vie comme dans un rêve. Bouleversé et ému, Alain Lefèvre interprètera également une composition personnelle dédiée à sa mère qui est souffrante. Musicien sublime à la virtuosité incontestée, Alain Lefèvre a donné à écouter une musique raffinée, pleine de sensibilité et de grâce. Il sera longuement applaudi, à la hauteur de son immense talent.