Les nouveaux résultats bactériologiques battent en brèche la thèse officielle livrée jusque-là concernant l'origine de l'épidémie de choléra ayant touché un certain nombre de régions du centre du pays. Après avoir catégoriquement exclu la thèse incriminant la qualité de l'eau après l'apparition des premiers cas de choléra, le ministère de la Santé et de la Population a fini par reconnaître que l'eau est la cause principale de la propagation de la virulente infection qui a déjà fait deux morts. Dans un communiqué rendu public hier, le département ministériel de Mokhtar Hasbellaoui confirme la contamination de l'eau par le virus "vibrion cholérique" qui provoque des maladies diarrhéiques qui peuvent entraîner la mort. "Le contrôle bactériologique de l'eau de source Hamr El-Aïn (Sidi El-Kébir) dans la wilaya de Tipasa a révélé la présence du vibrion cholérique. De ce fait, cette source a été condamnée et interdite à la consommation", lit-on dans la déclaration du ministère diffusée par l'APS. Ces nouveaux résultats bactériologiques battent en brèche ceux médiatisés jeudi dernier en grande pompe par le directeur général de la prévention, le Dr Fourar, et le patron de l'Institut Pasteur, le Pr Zoubir Harrat. Ces derniers avaient carrément réfuté la thèse de la contamination par l'eau concernant les cas de choléra enregistrés dans les wilayas du Centre (Alger, Blida, Tipasa et Bouira). Les représentants de Mokhtar Hasbellaoui ont annoncé, jeudi, devant les professionnels de la presse nationale, que les résultats bactériologiques obtenus par l'Institut Pasteur ont confirmé que l'épidémie de choléra s'est propagée en raison de la non-observation des règles élémentaires d'hygiène relatives à la consommation des fruits et des légumes. Soixante-douze heures après, ce sont les mêmes délégués du ministre de la Santé qui avaient démenti la transmission par l'eau de cette pathologie, qui, cette fois, confirment la piste de la contamination par voie hydrique. Ces nouveaux résultats bactériologiques viennent ainsi conforter les alertes lancées sur les réseaux sociaux quant à la pollution de l'eau dans certaines régions du centre du pays. Le directeur général de l'Algérienne des eaux (ADE), Smaïl Amirouche, s'est, lui aussi, mis de la partie, mais pour réfuter la thèse de l'eau du robinet contaminée. Le représentant du département des Ressources en eau avait expliqué que les résultats préliminaires des analyses effectuées à la suite d'intoxications enregistrées à Bougara (Blida) avaient confirmé "la potabilité de l'eau du robinet". D'où l'urgence d'explorer d'autres pistes pour déceler l'origine des infections intestinales. Mais en fin de compte, l'établissement que dirige Zoubir Harrat a fini par confirmer que la cause réelle de cette épidémie est d'origine hydrique. D'ailleurs, les autorités locales au niveau de Hamr El-Aïn ont procédé, hier, en début d'après-midi, à la destruction de la source contaminée de Sidi El-Kebir. De gros engins ont été mobilisés, selon des sources locales, pour procéder au remblai des canalisations de cette source à l'origine de cette épidémie de choléra qui s'est propagée d'une manière vertigineuse. Selon le dernier bilan rendu public par le département de la Santé, le nombre de cas de choléra avérés a augmenté et l'épidémie a atteint deux autres wilayas, à savoir Médéa et Aïn Defla. Jusqu'à vendredi soir, les équipes hospitalières ont confirmé 46 cas parmi les 139 personnes hospitalisées depuis le 7 août. Parmi les cas confirmés, figurent 3 cas à Bouira, 25 à Blida, 18 à Tipasa, 22 à Alger, 1 à Médéa et 1 dans la wilaya d'Aïn Defla. Le ministère confirme également le décès de deux personnes dans la wilaya de Blida et assure que tous les malades sont pris en charge au niveau de l'Etablissement hospitalier (EHS) d'El-Kettar (Alger) et de l'Etablissement hospitalier public (EPH) de Boufarik (Blida). La même source précisera enfin que 39 patients suspectés de choléra ont pu regagner leur domicile et que l'état de santé de ceux encore hospitalisés "évolue favorablement". Hanafi H.