Entre Bush et les élus, le courant ne passe plus comme lors de son premier mandat. C'est une tradition aux Etats-Unis, dès lors que le locataire de la Maison-Blanche n'est plus en mesure de recommencer un autre mandat, Congrès et Chambre des représentants travaillent pour leur propre compte. La présidence américaine, pendant un second mandat, est comme un sablier qui s'écoule, mais pour Bush le processus est rapide. Retard dans la nomination du nouvel ambassadeur aux Nations unies, débat enlisé sur la réforme des retraites, questions sur la politique économique et interrogations sur la gestion des affaires du monde, les revers s'accumulent pour le président républicain alors que son propre parti contrôle la Chambre des représentants et le Congrès et que l'opposition démocrate s'est ressaisie après sa déconfiture aux élections présidentielles. La cote de popularité de Bush est retombée à 46%. Seule son action contre le terrorisme recueille encore l'assentiment des Américains. Les démocrates sont arrivés à faire repousser au 7 juin le vote sur la nomination de Bolton aux Nations unies, un ultra-conservateur. La Chambre des représentants a voté une loi sur l'augmentation du financement fédéral pour la recherche sur les cellules souches à laquelle Bush menace d'opposer son veto au nom de la protection de la vie des embryons. La réforme du système fédéral de retraites, identifiée par le président comme la priorité de son second mandat, rencontre un accueil extrêmement tiède au Congrès, même auprès des élus républicains qui estiment que le président devrait s'occuper de problèmes très réels pour les gens comme le prix de l'essence, la hausse des taux sur les prêts immobiliers et la question des délocalisations de l'outil de production vers le Mexique et des pays asiatiques. Bush n'est pas arrivé à renouveler, comme il l'entend, les cours d'appel fédérales et il en sera de même pour la Cour suprême, clef de voûte du système politique américain. Même les élus républicains n'ont d'yeux que pour les élections législatives de novembre 2006, qui verront l'ensemble de la Chambre des représentants renouvelé ainsi qu'un tiers des sénateurs. Les groupes de pression chrétiens conservateurs, proches de Bush, ne sont plus systématiquement écoutés, d'où la gifle que vient de leur asséner le Congrès sur le clonage de souches humaines que l'industrie pharmaceutique, dont l'Amérique reste leader, considère stratégique. Quant à l'Irak, des voix commencent à s'élever au sein du Congrès et de la Chambre des représentants s'interrogeant sur la gestion des affaires du monde par Bush. D. Bouatta