Le jeu restait très serré hier et le président sortant devance légèrement son challenger au décompte des grands électeurs. Hier en milieu de journée, le président sortant George Walker Bush, semblait tenir son second mandat, mais cela restait encore à confirmer par les résultats de l'Etat de l'Ohio, dont les premières projections étaient contestées par le camp démocrate, qui argue du fait que plus de 200.000 bulletins n'avaient pas encore été décomptés. De fait, sans attendre les résultats ultimes, le secrétaire général de la Maison-Blanche, Andrew Card, qui considère la victoire en Ohio acquise, affirme que Bush a remporté l'élection avec au moins 286 grands électeurs. Ces élections du grand mardi de novembre -outre la présidentielle, il y avait des élections pour le renouvellement d'un tiers du Sénat et la totalité des la Chambre des représentants - ont été très serrées dans l'ensemble, mais remportées au vu des résultats actuellement disponibles, par les républicains qui confortent leurs positions au Sénat et à la Chambre basse, gardant ainsi, de justesse certes, la prépondérance sur les institutions politiques de la fédération. Au Sénat, les républicains conservent leur marge de deux points sur les démocrates (51 sénateurs républicains pour 48 démocrates, les républicains pouvant compter, en cas de victoire sur le vice-président, Dick Cheney, qui est en même temps président du Sénat). A la Chambre des représentants, députés, le scénario est quasi identique, les républicains disposant d'une légère majorité. Mais cette majorité au Congrès, n'est pas suffisante toutefois pour laisser aux républicains les mains libres dans l'aménagement des lois, ou des prises de décisions qui engagent le pays et l'Etat. c'est encore plus vrai en cas de victoire de John Kerry, les démocrates ne disposant de la majorité ni au Sénat ni à la Chambre des représentants. Aussi, en cas de victoire, le candidat démocrate aura une cohabitation difficile avec les républicains qui dominent les deux chambres. En fait, il ne s'agit pour le moment, en l'absence de statistiques admises par les deux camps, que de projections qui toutefois donne un léger ascendant au président sortant, notamment au nombre de voix acquis au plan national (estimé hier en matinée à 51% pour Bush et 48% pur Kerry). De fait, une réélection du président Bush, qui serait probable selon certains analystes, indiquerait l'adhésion des Américains à la politique que mène George W.Bush depuis trois ans, après les attentats anti-américains de septembre 2001. Ce qui veut dire que les électeurs font plus confiance à Bush qu'à son challenger démocrate pour mener à leur terme les entreprises initiées dans la lutte antiterroriste et la guerre engagée en Irak, malgré les pertes en vie qui a coûté la vie à plus de 1100 soldats américains. Le choix de Bush signifierait également que les Américains adhèrent à sa politique unilatérale qui a isolé pendant une grande partie de son premier mandant le président américain. Aussi, une réélection du président Bush, constitue en fait un blanc-seing pour un homme qui a fait de l'unilatéralisme, le fondement de la stratégie et de la politique internationale des Etats-Unis. Bush qui a été l'un des facteurs de division des Américains, l'a également été par les priorités qu'il s'est assigné en politique étrangère, notamment en court-circuitant l'ONU, décision d'engager les Etats-Unis dans la guerre en Irak, ne tenant pas compte des réserves de la communauté internationale, et faisant ainsi fi du droit international. Durant, son (premier) mandat à la Maison-Blanche, George W.Bush, a affirmé sa détermination à imposer au monde l'ordre américain. Et c'est l'un des griefs récurrents que la communauté internationale fait au président, que sans doute le peuple américain confirmera ce soir (hier certes) à son poste à la Maison-Blanche. L'enjeu n'est donc pas seulement entre Américains, encore que Bush ne semble pas aujourd'hui être le personnage le plus indiqué pour réconcilier une Amérique divisée, mais également celui d'une communauté internationale qui s'interroge sur les destinées du monde en cas de réélection de l'ancien gouverneur du Texas. Outre le fait d'avoir privilégié, tout au long de son mandat les intérêts américains, au détriment d'une concertation avec ses alliés et partenaires et au sein de l'organisation des Nations unies pour trouver des solutions au conflit et problèmes qui déstabilisent le monde, le président Bush, lors de son mandat, a eu une attitude totalement partiale en excluant les dirigeants palestiniens de son champ d'investigation sur le dossier israélo-palestinien, faisant de multiples apartés avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon, celui-là même qui a enterré la Feuille de route en prenant des décisions unilatérales sur l'avenir de la question des territoires palestiniens occupés. Ce qui fait dire au président Arafat, de son lit d'hôpital à Paris, espérer que «le second mandat sera différent» au cas où Bush est réélu. De fait, le parti pris pour Israël de la part du président Bush a quelque peu détourné le conflit israélo-palestinien de sa vraie nature: un combat pour la liberté et l'indépendance. Au bout du compte, la présidence Bush a quelque part contribué au blocage du processus de paix au Proche-Orient, conséquence directe de l'unilatéralisme de sa politique étrangère. Et il est peu probable qu'un Bush, reconduit, change de politique, notamment au Moyen-Orient, ainsi plébiscité par les Américains.