Rien ne va plus au service de pédiatrie du CHU Ibn-Badis de Constantine. Repas servis à des heures indues et très tardives, appels de détresse des patients souvent ignorés, manque de matériel médical élémentaire (seringues, compresses, sérums ...) et surtout, un déficit en personnel médical à même de répondre aux besoins des enfants malades, caractérisent les trois compartiments du service, à savoir, l'infectieux, le grand enfant et les urgences pédiatriques. Une situation qui dénote une négligence coupable dans un CHU qui continue d'accueillir les malades issus de plusieurs wilayas de l'est du pays. Médecins, infirmières et familles des malades partagent, en effet, le même avis sur l'état des lieux lamentable du service qui, s'il perdure, risque d'engendrer le pire. Pas plus tard que vendredi dernier, des familles d'enfants malades admis au service du grand-enfant, criaient leur détresse devant les conditions de prise en charge de leur progéniture. "Ce sont les femmes de ménage qui s'occupent de nos enfants souffrants, notamment le soir. À partir de 15h, on ne trouve personne, nos enfants ont souvent des complications, de la fièvre, des vomissements mais personne n'est là pour s'occuper d'eux, ce sont les femmes de ménage qui viennent nous aider", nous dit une maman venue d'El-Harrouch, une commune de la wilaya de Skikda, située à une cinquantaine de kilomètres de Constantine. Yamina, une autre maman qui tente de calmer son enfant visiblement souffrant de douleurs, enchaîne : "L'autre jour, une infirmière m'avait promis de revenir dans 10 minutes pour faire une injection à mon enfant qui avait des douleurs intenses, mais elle est rentrée chez elle et c'est la femme de ménage qui s'est chargée de ça. Il n'y a qu'un médecin et une seule infirmière qui sont présents durant la journée et il est normal qu'ils ne peuvent pas s'occuper de tous les enfants." En effet, l'inquiétude enfle au service en question, depuis quelques mois, soit au début du mois de juin. Le manque de personnel et le sous-effectif en médecins, infirmiers et aides-soignants est flagrant. L'équipe qui assure la garde est épuisée moralement et physiquement. Certaines résidentes rencontrées, hier, ont dénoncé cette situation qui perdure depuis plus de 4 mois. Le corps des infirmiers n'est pas en reste : "Je suis au travail depuis 6 heures du matin, je travaille 18 heures par jour, je suis extenuée devant le nombre grandissant de malades et le manque en médecins et infirmiers, prévalant dans ce service. Parfois, on ne trouve personne pour transporter les enfants malades au service de radiologie ou même pour leur faire une injection, nous sommes dépassés", nous dit une infirmière. Cette dernière déplore également le manque de moyens et de matériels adaptés. "Nous nous sentons très mal, nous voulons travailler, nous voulons réellement aider ces petits enfants mais nous ne pouvons rien faire quand on manque de tout", nous dit une autre, qui cherche désespérément des compresses. "Voyez-vous, nous sommes obligés de demander aux parents d'aller chercher des compresses chez les pharmacies du coin. Notre souffrance indiffère tout le monde, malgré tous nos efforts et toutes nos doléances, nous n'avons rien perçu de rassurant", enchaînera-t-elle. Iness Boukhalfa