Immédiatement après son hospitalisation, une équipe de médecins épidémiologistes s'est rendue au domicile de la malade pour procéder à des examens et des prélèvements sur d'autres membres de la famille Un cas fortement suspect de choléra déclaré à Oran a semé un vent de panique dans le secteur de la santé et auprès du personnel paramédical, depuis lundi. Et pour cause, nous avons appris par certains médecins, qui ont requis l'anonymat, qu'une femme d'un âge certain présentant tous les symptômes de cette infection, est actuellement hospitalisée et placée en isolement au rez-de-chaussée du service infectieux du CHU d'Oran (ex-Garnison). Ce qui alimente la crainte d'être devant un cas de choléra dans la capitale de l'Ouest, c'est que la patiente en question, résidant au quartier Akid-Lotfi, vient juste de rentrer d'un déplacement à Alger. Les premiers signes qui sont apparus, dès son retour chez elle, ont nécessité son transfert au CHUO. La malade a été immédiatement prise en charge, avons-nous appris, et des prélèvements ont été effectués pour confirmer ou infirmer ce cas de choléra. Les résultats des analyses ne seront connus que demain, soit trois jours après l'hospitalisation de la malade. D'après les informations recueillies, son état se serait amélioré, avec une bonne réaction au traitement. Immédiatement après son hospitalisation, une équipe de médecins épidémiologistes s'est rendue au domicile de la malade pour procéder à des examens et des prélèvements sur d'autres membres de la famille. Il leur a été recommandé une mise en quarantaine comme mesure de précaution, avec un traitement préventif qui leur a été prescrit. Au CHUO, où nous nous sommes rendus pour avoir confirmation de ce cas et surtout pour savoir quelles sont les mesures prises pour faire face éventuellement à d'autres cas similaires, nous nous sommes heurtés à un silence général et un refus systématique de communiquer sur cette affaire. "Des instructions ont été données pour qu'aucune information ne soit communiquée, seul le wali est habilité à le faire." Voilà la phrase que nous avons entendue à maintes reprises durant toute la matinée d'hier, que ce soit du côté du conseil scientifique du CHUO, en réunion, le matin, avec certains chefs de service, de même qu'à la DSP, où, là encore, des réunions empêchaient le DSP de nous recevoir. Cette politique de black-out, de nouveau appliquée par les autorités locales, maintient l'ensemble de la population dans l'ignorance alors que la règle veut qu'elle soit informée pour adopter au plus vite des comportements et des mesures de précaution. Des indiscrétions expliquent cette rétention d'informations avec la venue, en fin de semaine, d'une délégation du Comité olympique des Jeux méditerranéens. Quelles que soient les raisons de ce silence, il s'avère plus néfaste qu'autre chose comme déjà constaté dans les wilayas où des foyers infectieux de choléra se sont déclarés. La communication de la wilaya d'Oran, ou plutôt la non-communication, a toujours des effets contre-productifs. La preuve en est la rumeur sur les réseaux sociaux qui se sont vite emparés de cette information, semant la panique partout, y compris au sein du personnel paramédical, non préparé et ne disposant pas suffisamment de moyens nécessaires pour faire face à une éventuelle épidémie. D'ailleurs, en fin d'après-midi, trois autres patients se seraient présentés au CHUO avec des symptômes similaires à ceux du choléra. Plus grave, si nous savons que ce sont en tout 120 lits qui ont été réservés dans toute la wilaya pour faire face à une éventuelle apparition d'un foyer de choléra, le service infectieux du CHUO est un service lui-même sinistré. Des sanitaires sales, de l'eau fuyant partout, des déchets et des pansements jetés à même le sol. Les malades sont installés dans des box individuels et leurs proches, aux heures de visite, sont munis de seaux, de flacons d'eau de Javel, de literie et de ventilateurs. Et puisque nous avons affaire à un service infectieux, ces objets rapportés par la suite au domicile des malades peuvent être porteurs de germes contagieux. Beaucoup des visiteurs que nous avons croisés n'en pouvaient plus de dénoncer l'état des lieux et les mauvaises conditions de prise en charge. Et que dire de l'état général des services de soins jusqu'au laboratoire de microbiologie qui est sans eau. D. LOUKIL