Le village d'El-Mrabhia, relevant de la commune de Raouraoua, au sud de Bouira, est sorti de l'anonymat, suite à l'apparition du choléra. Ce hameau d'à peine 800 habitants, enclavé, fait face à l'insalubrité et souffre du manque d'aménagements. La saleté est le lot quotidien de ces âmes en peine, oubliées des pouvoirs publics. Les détritus sont maîtres des lieux. Partout, des amas d'ordures. De toutes parts montent des odeurs fétides et nauséabondes. "Nous vivons dans des conditions extrêmes, il n'est pas étonnant que notre bourgade soit considérée comme le premier foyer du choléra", dira un villageois, rencontré vendredi après-midi, lors de la campagne de nettoiement initiée par le ministère de l'Environnement. "Cela fait des années que nous réclamons une campagne de nettoyage et il a fallu attendre l'apparition du choléra pour que les autorités daignent enfin nous regarder", vocifèrent certains villageois croisés sur les lieux. Ils nous montrent une rivière polluée qui traverse leur village de bout en bout. "Il y a de quoi attraper la peste noire et non pas uniquement le choléra. Et ensuite, nous entendons, ici et là, que c'est la pastèque ou le melon. Non, c'est l'insalubrité qui est à l'origine de cette maladie", tranchera Kamel Z., un habitant dudit village. Outre ce paysage de décharge à ciel ouvert, la localité est confrontée à un manque criant d'aménagement. Les trottoirs sont complètement délabrés, la chaussée est parsemée de nids-de-poule et autres crevasses, les canalisations des eaux usées sont la majeure partie du temps obstruées... "Nous avons une APC bloquée, des élus qui passent leur temps à se chamailler et un chef de daïra absent", tempête Makhlouf F., un quinquagénaire qui regarde de loin le P/APC de Raouraoua, les agents municipaux ainsi que ceux de l'Epic Nadhif procéder au nettoiement des avaloirs. "Pourquoi maintenant ? C'est parce qu'ils ont reçu des instructions du ministère. Sans cela, point de P/APC, ni de chef de daira et encore moins la télévision. C'est grotesque !", s'offusque, pour sa part, Tahar, un sexagénaire qui dit ne pas être dupe de ce qu'il qualifie de mise en scène. Le village souffre également du manque du transport. Certains villageois interrogés affirment que pour se rendre de leur hameau vers le chef-lieu communal ou vers d'autres localités voisines, il leur faut attendre parfois une demi-journée. Autre cauchemar et non des moindres, que vit ce hameau "sinistré", est celui du chômage. Ainsi et selon les statistiques fournies par les services de la daïra de Raouraoua, le chômage chez les jeunes frôle les 60%. Le wali de Bouira a annoncé une série de mesures pour la commune de Raouraoua et ses diverses localités, dont celle d'El-Mrabhia. RAMDANE BOURAHLA