Le jeu sera assurément fermé si le président Bouteflika se met, pour la cinquième fois de suite, sur la ligne de départ. La position du MSP de ne pas participer à l'élection présidentielle du printemps 2019 si le président Bouteflika brigue un nouveau mandat de cinq ans aux commande du pays commence à produire l'effet boule de neige. El-Adala, parti d'essence islamiste présidé par Abdallah Djaballah, se positionne dans une optique identique. Selon Lakhdar Benkhellaf, chef du groupe parlementaire du parti à l'Assemblée populaire nationale, avec lequel nous nous sommes entretenus en marge de la cérémonie d'ouverture de la session parlementaire 2018/2018 lundi, la formation politique ne présentera pas de candidat issu de ses rangs ni ne soutiendra un postulant coopté par d'éventuels alliés politiques, si le projet du cinquième mandat se formalise officiellement. "Dans ce cas-là, nous ne souhaitons pas donner une légitimité au scrutin par notre participation", a expliqué notre interlocuteur. La décision du parti sera annoncée publiquement après sa validation par le majliss choura (conseil consultatif) qui se réunira à la fin du mois courant. Cette position induira fatalement des fissures dans l'alliance Adala-Bina-Nahda, dès lors que le parti Bina a rallié le camp des soutiens au chef de l'Etat. "Pour l'heure, l'alliance, créée dans le cadre de l'activité parlementaire reste de vigueur", a souligné le député. Au fur et à mesure que l'échéance électorale se rapproche, le brouillard, qui trouble sa visibilité, se dissipe peu à peu. De nombreux partis politiques de l'opposition, à l'instar du FFS, du PT, du RCD, de Talaïe El-Houriat…, ne se sont certes pas encore placés franchement dans la perspective de la participation ou du boycott, mais les observateurs avertis pressentent leur défection de la course à la magistrature suprême, considérant que le jeu sera totalement fermé si le président Bouteflika se met sur la ligne de départ. Aussi, le chef de l'Etat, s'il confirme formellement sa candidature, risque de se retrouver sans concurrents sérieux. Dans ce cas de figure, la campagne électorale ne sera animée que pour se conformer aux dispositions de la Constitution et celles de la loi organique portant code électoral. Sans intérêt, le scrutin présidentiel ne créerait guère l'évènement comme les fois précédentes. L'on se rappelle, en 1999, le niveau de la campagne électorale était particulièrement élevé grâce à la participation du président du FFS, Hocine Aït Ahmed, du parti Wafa non agréé Taleb Ibrahimi, et d'El-Islah Abdellah Djaballah ; de deux anciens chefs de gouvernement, Mokdad Sifi et Mouloud Hamrouche, et de l'ancien moudjahid Youcef Khatib. Leur retrait concerté, la veille du vote, a privé le premier mandat de Bouteflika de sa légitimité. En 2004, la participation de personnalités importantes dans le gotha politique (Ali Benflis, ancien chef de gouvernement, Saïd Sadi président du RCD, Louisa Hanoune, SG du Parti des travailleurs, et Abdallah Djaballah) a rendu la bataille électorale plus captivante. À partir de 2009, la présidentielle a commencé à perdre de son essence. Souhila H.