Dans le cadre de la quatrième journée des RCB, le public de la cinémathèque a eu le plaisir d'assister à l'avant-première d'Occidental, de Neïl Beloufa. Complètement décapant, ce film nous a tenus en haleine du début à la fin. Durant 73 minutes, nous sommes enfermés dans l'hôtel Occidental où des personnages farfelus nous entraînent dans une histoire rocambolesque mêlée d'intrigues dignes d'un polar. Georgio (Paul Hamy) et Antonio (Idir Chender), réservent une chambre nuptiale à Occidental. L'arrivée de ces deux Italiens va semer le trouble au cœur de cet endroit "paisible" au décor vintage. Car Diana (Anna Ivacheff), la responsable de l'établissement, soupçonne ces deux hommes d'être des imposteurs. À partir de ce moment, nous sommes plongés dans un huis clos où sont condensés tous les maux de la société, entre racisme, terrorisme, conflits politiques, le tout relevé d'un petit soupçon de paranoïa et d'amour. Pour narrer cet Occident, des fenêtres de l'hôtel, comme un hublot sur la réalité de l'extérieur, les manifestants se font matraquer par les flics, et les clients sont là comme de simples spectateurs. Pour agrémenter son film, Beloufa met en scène dans une grande théâtralité, différents personnages, notamment la réceptionniste Romy (Louise Orry-Diquero), la petite blonde sulfureuse, Khaled un peu lâche aux ordres de sa patronne, de jeunes bourgeois ivres, et un couple qui a l'air perdu dans ce décor. D'une manière subtile et un peu décousue, le réalisateur a mis en exergue cet Occident (le pays est imaginé et sans nom), et ce, sans dire les choses explicitement à travers des discours "officiels". Mais avec poésie et finesse ! Loin du cinéma conventionnel, Occidental est un film expérimental où les arts se mêlent au 7e art. À noter que Neïl Beloufa avant d'être réalisateur, est artiste plasticien et vidéaste. D'ailleurs, le décor du tournage (l'hôtel) a été monté dans son atelier personnel. À l'issue de la projection, le réalisateur a été contacté via Skype pour débattre de son œuvre avec le public. Il a été indiqué :"Occidental est une déconstruction des styles de films classiques, et ce, pour les reconstruire autrement afin de sortir des stéréotypes du cinéma. D'ailleurs, il passe du polar à la comédie, puis au western." Tout en ajoutant que cette démarche dans l'écriture était dans l'objectif de ne "pas correspondre à un scénario classique, à cet effet, nous avons l'impression qu'il n'y a pas de scénario ! Cela peut être considéré comme une faiblesse ou alors une qualité". Et de conclure sur son travail : "Je viens du monde de l'image, l'écriture d'un scénario bien ficelé ne m'intéresse pas. Car je préfère exprimer un ressenti et une mécanique qui n'est pas forcément narrative." Tout au long de l'après-midi de mardi, les RCB se sont poursuivis avec la projection d'une série de courts-métrages, à savoir Aya, Mamba Black, et Calamity. Enfin, la soirée a été ponctuée du dernier documentaire de Malek Bensmaïl, La bataille d'Alger, un film dans l'histoire. H. M.