Le parti se dit indigné par l'agitation des clientèles du pouvoir et d'institutions officielles dans la perspective de l'échéance 2019. Le parti Talaie El-Houriat de l'ex-chef de gouvernement, Ali Benflis, a de nouveau dénoncé, hier, les harcèlements systématiques qui visent l'opposition, empêchée d'organiser des manifestations publiques, comme vient de le vérifier à ses dépens, à trois reprises, le mouvement Mouwatana, et confrontée à un verrouillage médiatique sans précédent. Dans un communiqué rendu public à l'issue d'une réunion de son bureau politique tenue au siège du parti à Alger, Talaie El-Houriat a dénoncé "les atteintes au droit de manifester pacifiquement et à la liberté d'expression". Il condamne le recours des autorités à des moyens et méthodes "peu honorables pour empêcher le rassemblement pacifique que se proposait d'organiser le mouvement Mouwatana (…)". "L'attitude du pouvoir politique donne la preuve que dans la réalité, l'Etat d'urgence est toujours en vigueur, malgré sa levée officielle, et que les marches et rassemblements sont interdits non seulement dans la capitale, mais dans tout le pays", relève le parti d'Ali Benflis. "Les autorités ne lésinent pas sur les moyens pour empêcher l'opposition de s'exprimer. Dans sa détermination à faire taire les voix discordantes, le pouvoir politique ne s'embarrasse plus des formes vis-à-vis de l'opinion publique. Le pouvoir politique est décidé à empêcher l'opposition d'aller à la rencontre du citoyen pour lui présenter d'autres alternatives pacifiques que la démarche autoritaire du pouvoir qui charrie le risque de dérapages préjudiciables à la stabilité et à la sécurité du pays, et à la cohésion de la nation", ajoute le texte. "Cette attitude liberticide du pouvoir politique en place illustre sa conception dénaturée du multipartisme avec une opposition sous surveillance, cloîtrée dans un espace délimité par des lignes rouges, qui se rétrécit de jour en jour", observe-t-il encore. Le parti de Benflis ne manque pas de faire allusion à la censure qui frappe la diffusion des deux films, Larbi Ben M'hidi et Fragments de rêves, une démarche qui participe à ses yeux de la même conception liberticide. "Le couperet de la censure, qui s'abat sur des œuvres littéraires, cinématographiques et d'autres formes d'expression artistique, participe de cette même démarche liberticide visant à proscrire toute idée non conforme aux certitudes du régime politique en place." Indignation et préoccupation Sur un autre registre, le parti de Benflis n'a pas dissimulé son indignation face à l'agitation du FLN, de ses organisations satellites et des deux chambres parlementaires, lesquels se mobilisent en faveur de la constitution d'un front populaire pour soutenir la perspective d'un cinquième mandat au profit du président de la République. Le bureau politique "s'indigne de l'agitation des clientèles du pouvoir et d'institutions officielles, dans la perspective de l'échéance 2019, en utilisant les moyens de l'Etat, et en violation flagrante de la législation régissant les processus électoraux, qui pollue le champ politique, ajoute à la confusion et masque la gravité de la crise globale dans laquelle s'enfonce notre pays", dénonce le parti de Benflis. Se disant "préoccupé" par l'incapacité du pouvoir politique à enrayer la dégradation continue de la situation économique, visible dans plusieurs marqueurs, Talaie El-Houriat estime que "les réformes économiques et sociales, aussi indispensables qu'urgentes, ne sont pas à l'ordre du jour et le gouvernement ne fait rien pour engager l'économie nationale sur la voie de la diversification (…)". "Pour le pouvoir politique en place, la seule préoccupation est le maintien du statu quo jusqu'à 2019, quel qu'en soit le coût économique à court, moyen et long termes, pour le pays, tablant sur le recours irresponsable à la planche à billets et probablement sur une hypothétique revalorisation des cours du pétrole et un recours forcé à l'endettement extérieur après épuisement des réserves de change", note le texte. Par ailleurs, il juge "affligeant" le silence des hautes autorités du pays sur la résurgence du choléra dont la gestion chaotique par le gouvernement donnait l'impression d'une gestion d'une "affaire courante". Karim K.