La réunion du comité adjoint de monitoring Opep-non Opep qui s'est tenue, hier à Alger, s'est terminée sans la moindre recommandation formelle en faveur de la hausse de la production. à Alger, où s'est tenue, hier, la réunion du comité adjoint de monitoring Opep-non Opep, les producteurs ont bien résisté aux appels du président américain en faveur d'une hausse de la production pétrolière et d'une baisse des prix. Les producteurs, à l'unanimité, ont jugé que les données actuelles du marché ne plaident point pour une hausse de l'offre pétrolière. Du moins pour l'heure. Car, en novembre, le comité adjoint Opep-non Opep doit se réunir, à nouveau, afin de réexaminer la situation du marché, au lendemain du rétablissement des sanctions américaines contre l'Iran, dont l'entrée en vigueur est prévue pour le 4 novembre. La prochaine réunion, prévue le 11 novembre à Abu Dhabi, fera des propositions à la réunion ministérielle ordinaire qui se tiendra en décembre. "Il est prématuré de dire ce qu'on va faire en 2019 et quelle stratégie faut-il adopter. Mais le travail accompli par le comité adjoint et les données actuelles du marché montrent qu'une hausse de la production est peu probable. On ne peut se prononcer maintenant sur une éventuelle hausse de la production pour l'année prochaine", a indiqué le ministre saoudien du Pétrole, Khalid Al-Falih, lors d'une conférence de presse qui sanctionnait, hier soir, les travaux de la 10e réunion du comité adjoint de monitoring Opep-non Opep, tenue, hier, à Alger. Répliquant aux propos agressifs tenus, jeudi dernier, par Donald Trump à l'encontre de l'Opep et de certains de ses membres parmi les monarchies du Golfe, le ministre saoudien a souligné que les pays producteurs "ne cherchent aucunement à augmenter les prix, mais œuvrent en faveur de l'équilibre entre l'offre et la demande ainsi que pour la stabilité du marché par-dessus tout". Son homologue russe, Alexandre Novak, n'a pas hésité à apporter de l'eau à son moulin, précisant que les pays producteurs qui se sont engagés à faire aboutir les accords de décembre 2016 "se sont donnés la responsabilité de stabiliser le marché ; le but étant de créer un environnement favorable à la croissance de l'économie mondiale". En tout cas, l'entrevue d'Alger, qui s'est tenue sans la présence du ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, s'est terminée sans la moindre recommandation formelle en faveur du soutien à l'offre. Une bataille de gagnée pour l'Iran ? Pas tout à fait ! Car le pays du shah est en sursis jusqu'à décembre. Certains membres de l'Opep, jouissant d'une production flexible, ne se sont pas gardés, hier, d'afficher leur pleine disponibilité à compenser une probable défection de l'Iran ; sa production risque d'en pâtir si l'administration Trump venait à mettre à exécution ses sanctions. "Nous allons apporter des suppléments de production dans le cas où des pénuries et/ou des interruptions de l'approvisionnement venaient à se déclarer chez un pays membre", a déclaré Khalid Al-Falih, allusion faite à une éventuelle défection de l'Iran, troisième producteur de l'Opep qui fait face à la perspective d'un retour, dès le 4 novembre, des sanctions américaines contre son secteur pétrolier. Saoudiens et Emiratis prêts à intervenir Lui emboîtant le pas, Suhail Mohamed Al-Mazrouei, ministre de l'Energie des Emirats arabes unis et président en exercice de l'Opep, a tenu à souligner que son pays disposait d'une capacité supplémentaire de production de 3,5 millions de barils par jour. Il disait mettre ce volume à la disposition du comité Opep-non Opep si besoin il y a. En tout cas, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis étaient en embuscade contre l'Iran, même si, officiellement, ils jugeaient, hier, inopportune une augmentation de la production dans les conditions actuelles du marché. "Le marché est bien équilibré. L'offre et la demande vont de pair. Mais nous devons rester prudents à ce qu'il va advenir pour 2019", a soutenu le ministre saoudien, lors d'une conférence de presse, laissant entrevoir une forte volatilité du marché à l'horizon 2019 ainsi que des tensions géopolitiques susceptibles d'amener les producteurs à amender leur stratégie. On entend le même son de cloche du côté des Russes. Alexandre Novak a déclaré qu'aucune augmentation immédiate de la production n'était nécessaire, même s'il pensait qu'une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis et des sanctions américaines contre l'Iran posaient de nouveaux défis tant au marché pétrolier qu'aux producteurs. En juin dernier, les deux poids lourds du marché, l'Arabie saoudite et la Russie, ont plaidé, à Vienne (Autriche), en faveur d'une modification des accords conclus en décembre 2016 par les membres de l'Opep et une dizaine de producteurs non-Opep. Les accords portaient sur une réduction de 1,8 mbj de la production afin de soutenir les cours et rétablir, par la même, l'équilibre du marché. Les signataires desdits accords ont acté une première remise en cause en juin dernier. Ils ont convenu le 23 juin dernier de pomper davantage dans la limite d'un million de barils/jour sans que les quotas fixés à chacun des producteurs soient modifiés. L'Iran y voyait alors une combine menée par l'Arabie saoudite, voire une volonté inavouée de Riyad et de Moscou d'augmenter leur production et compenser les futures pertes que causeront les sanctions américaines à son secteur pétrolier. En juin, comme durant leur réunion d'hier, tenue à Alger, les producteurs disent vouloir ramener à 100% le taux de conformité aux accords de réduction de l'offre. Cela signifie bon gré, mal gré un engagement par anticipation à compenser les pertes iraniennes prévues dès novembre. Par ailleurs, les participants à la réunion, hier, du comité adjoint de monitoring Opep-non Opep ont soutenu l'idée de perpétuer la coopération entre les producteurs de brut au-delà de décembre 2018. Khalid Al-Falih a levé une partie du voile sur les discussions en cours pour l'adoption d'une nouvelle charte de coopération "non limitée dans le temps". Ali Titouche