Pourtant, le renouveau et la crédibilité de la FAF passent inéluctablement par une réelle volonté de révolutionner le volet de l'arbitrage. Après avoir réussi à arracher un consensus autour de la question du sélectionneur national (Djamel Belmadi), objet de critiques acerbes suite aux nominations désastreuses d'Alcaraz et de Madjer, ainsi que d'autres volets encore comme la DTN, la LFP, les finances, la commission médicale, la coupe d'Algérie, le football féminin (…), la nouvelle équipe dirigeante de la FAF, menée par Kheireddine Zetchi, semble, une année et demie après son élection, le 20 mars 2017, traîner l'arbitrage tel un boulet. Il s'agit en fait du domaine névralgique de l'arbitrage qui cristallise toutes les critiques des simples acteurs du football, des observateurs et de la presse. L'arbitrage sert aussi de prétexte à une certaine opposition pour tirer à boulets rouges sur l'actuelle équipe dirigeante. S'il reste entendu que l'arbitrage a résisté à tous les plans de réforme de la Fédération, depuis au moins deux décennies, il faut avouer tout de go que les critiques sont de plus en plus justifiées. Il n'y a pas une semaine qui passe sans que les deux championnats majeurs, Ligues 1 et 2, enregistrent des fautes graves des arbitres. Des erreurs déterminantes qui influent sur les résultats des rencontres, ce qui donne l'occasion à des présidents de club et à des entraîneurs de crier au scandale, évoquant carrément une corruption avérée au sein des arbitres. D'ailleurs comme révélé dans notre édition d'hier, le président de la JS Saoura, Zerouati, auteur de graves accusations contre l'entourage direct du président de la FAF, Kheireddine Zetchi, sera auditionné par les deux commissions de discipline de la LFP et de l'éthique de la FAF. La décision a été prise lors de la dernière réunion du bureau fédéral de la FAF, tenue jeudi. Zerouati avait accusé nommément le frère de Zetchi, Hacen, de régner sur le corps de l'arbitrage et de manipuler les désignations par le truchement de Mokhtar Amalou, membre de la Commission fédérale des arbitres (CFA). Pour lui, il y a un complot contre la JSS. Ce n'est pas la première fois que le frère de Zetchi est cité dans des affaires d'arbitrage. De son côté, le président de l'ESS, Hacen Hamar, a fustigé la FAF. "J'ai comme l'impression que cette Fédération n'aime pas l'ESS, sinon comment expliquer cet acharnement contre nous, et ce, depuis le fameux match de Saoura et le scandale de l'arbitre Benbraham qui est revenu à la compétition comme si de rien n'était alors qu'il nous a éliminés en Coupe d'Algérie. Ce n'est pas de cette façon qu'on va avancer, j'accuse directement le chargé des désignations à la CFA, Mokhtar Amalou, d'être derrière cette situation. Il faut qu'il quitte l'arbitrage, sinon on le fera partir. Ce n'est pas normal qu'en dépit de toutes les erreurs des arbitres commises, il n'a jamais été inquiété. Je me demande qui protège cette personne ?", dira Hamar. D'autres présidents et entraîneurs sont également montés au créneau pour dénoncer la médiocrité de l'arbitrage en ce début de saison. Pour sa part, la FAF a prononcé des sanctions contre des arbitres. C'est ainsi que l'arbitre fédéral Boubekeur Zouaoui, relevant de la ligue de BBA, a été écarté du corps arbitral. De son côté, l'international Lotfi Bekouassa a été suspendu momentanément en attendant son audition. Bekouassa avait sifflé un penalty imaginaire au profit du DRBT face à la JSS (1-0) suscitant justement la colère du président Mohamed Zerouati. Cependant, le mal est profond, les semaines à venir vont connaître d'autres scandales de l'arbitrage pour la simple raison que ceux qui le gèrent désormais, des dirigeants à la FAF et à la LFP, ont été impliqués dans un passé récent dans des magouilles similaires. Ils sont incapables de faire la guerre à la corruption dans le monde des arbitres car ils continuent à tirer les ficelles d'un business florissant. Pourtant, le renouveau et la crédibilité de la FAF passent forcément par une réelle volonté de réformer l'arbitrage ! SAMIR LAMARI