Des dizaines de citoyens ont observé, hier matin, sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, un rassemblement à l'occasion du 30e anniversaire des évènements d'Octobre 1988. Un rassemblement précédé par un dépôt de gerbe de fleurs devant la stèle érigée à la mémoire des cinq morts de la région, initié par l'AVO 88 de Béjaïa, la Laddh, le RAJ, le CST et le parti Jil Jadid. Ont répondu à l'appel, a-t-on constaté sur les lieux, les militants du RCD dont sa députée Mme Nora Ouali, de l'UDS (parti non agréé), de Jil Jadid, des militants politiques indépendants et des animateurs de la société civile. Une prise de parole a été improvisée par les organisateurs lors de cette manifestation. "30 ans après ces évènements, nous sommes toujours considérés comme des accidentés du travail. L'AVO 88 n'a pas cessé de frapper à toutes les portes des différents gouvernements et ministères, particulièrement ceux de l'Intérieur et celui du Travail dont dépend la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (Cnas) pour obtenir ce statut, en vain. Nous réitérons, aujourd'hui, notre revendication de reconnaissance de statut de victimes et de décréter le 5 Octobre comme journée nationale de la démocratie avant les élections présidentielles d'avril 2019", a déclaré M. Aziz Yahoui, président de l'AVO 88 de la wilaya de Béjaïa. Pour le représentant de l'UDS à Béjaïa, le pouvoir "use de tous les stratagèmes pour se maintenir" et appelle "à continuer la lutte engagées par nos aînés pour un véritable Etat de droit" tout en réitérant son appel à la reconnaissance "officielle" de son parti. "Nous sommes ici pour commémorer ces événements d'Octobre 88 afin de réaffirmer notre attachement aux sacrifices des victimes de ces évènements douloureux. 30 années après, nous assistons à la remise en cause par le pouvoir des acquis arrachés par Octobre 88. Restons mobilisés pour préserver ces acquis et la libération des détenus d'opinion", a soutenu dans son intervention Hocine Boumedjane de la Laddh. De son côté, la députée du RCD, Mme Nora Ouali, déclare en substance : "Le pouvoir tente de museler toutes les voix de l'opposition et de remettre en cause les acquis démocratiques arrachés au prix du sang." Et de rappeler à son assistance que "le RCD a dû se battre pendant une année pour avoir l'autorisation de tenir son congrès, les grèves des syndicats autonomes sont toujours déclarées illégales et des manifestations réprimées par le pouvoir". L'intervenante appelle "à rester mobilisés pour préserver les espaces démocratiques et en arracher d'autres". Tous les intervenants ont abondé dans le même sens. Dans leur appel à ce rassemblement, les signataires exigent "une reconnaissance officielle des victimes du 5 Octobre 88 et le décréter comme journée nationale de la démocratie, le respect des libertés démocratiques, un Etat de droit, une Algérie algérienne" et "la libération de tous les détenus d'opinion en Algérie". L. OUBIRA