Une année et demie après son élection à la tête de la FAF, Kheireddine Zetchi en est à son troisième DTN (Korichi, Tikanouine et Saâdane). Les trois ont démissionné. Au suivant ! Une année, presque jour pour jour, Rabah Saâdane retrouve la paisible ville de Lyon en France où il est établi depuis pas mal de temps déjà et abandonne son poste de directeur technique nationale (DTN). Ce n'est sans doute pas les allers-retours incessants entre Alger et Lyon qui ont fini par avoir raison de l'homme de 72 ans, mais plutôt le traitement spécial que lui a réservé son employeur depuis son intronisation en octobre 2017, en l'occurrence le président de la FAF, Kheireddine Zetchi, certains de ses collaborateurs, des membres du bureau fédéral en charge de l'équipe nationale et le nouveau sélectionneur national, Djamel Belmadi. Avant d'expliquer ce climat délétère dans lequel a évolué Saâdane pendant une année pour un salaire de 150 millions de centimes, il y a lieu de poser d'emblée cette question évidente : pourquoi la FAF s'amuserait-elle à pourrir la vie à Saâdane et à le marginaliser alors que c'est elle-même qui l'a recruté en connaissance de cause ? En fait, la réponse est simple, à l'instar de Rabah Madjer, la nomination de Rabah Saâdane et du DEN Boualem Charef n'est pas l'œuvre de la FAF. C'est une décision prise en haut lieu, afin, tente-t-on d'expliquer, de donner la chance aux compétences locales. Zetchi n'a fait que s'exécuter. Des proches à lui affirment même que qu'il ne croyait pas du tout à cette option dès le début, voire qu'il n'a jamais pensé à Saâdane et Madjer à des postes aussi névralgiques. Zetchi est plutôt favorable au recrutement d'un DTN étranger, comme il a essayé de le faire avec le Français François Blaquart, ex-DTN de la fédération française, avant que l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports El-Hadi Ould Ali n'oppose son veto en raison de la sombre histoire des quotas dans le football français. C'était juste avant la nomination de Saâdane. Donc, ne croyant pas tellement à cette solution et devant surtout les résultats mitigés des sélections des jeunes, Zetchi décide de faire cavalier seuil dans le domaine technique. Il cesse brusquement de consulter Saâdane et remet en cause même son travail et le recrutement de Boualem Charef que Saâdane avait ramené dans ses bagages, au nom d'une affinité professionnelle et surtout d'une vieille amitié. Le président de la FAF, tout en dénigrant ouvertement le travail accompli dans les petites catégories, la compétences des techniciens nommés par Charef, jette les jalons en solo de la future politique technique avec la création des académies de la FAF. Un projet pour lequel Saâdane est carrément écarté. Il en apprendra d'ailleurs les contours dans la presse. Un comble ! Des techniciens espagnols sont même conviés à une réunion à Sidi Moussa en l'absence du DTN. Insensé ! Pis, Zetchi, après avoir épuisé toutes les pistes étrangères, nomme Djamel Belmadi à la tête des Verts, sans recueillir ne serait-ce que l'avis de Saâdane. Pendant ce temps, le héros d'Omdurman, au tempérament timide, voire effacé, et à la personnalité pas très caractérielle, se tait. Il accuse le coup. Il ne dénonce pas non plus. Liberté lui a du reste réservé un article le 7 juin dernier au sujet du débat sur l'avenir du staff technique national sous le titre "Le silence incompréhensible du DTN Rabah Saâdane".
Passivité et silence coupable Le débat sur l'avenir du staff technique national a suscité plusieurs interventions de la part des personnalités sportives et politiques. Chacun y va de son point de vue. Même la fédération a été obligée de se mêler à la polémique à travers, certes, un communiqué énigmatique, mais qui confirme tout de même que le sujet est en discussion au sein du bureau fédéral qui prendra sa décision finale après la rencontre contre le Portugal. Cependant, une voix manque curieusement à l'appel. Il s'agit de celle du directeur technique national Rabah Saâdane, qui ne s'est pas prononcé sur la question. Premier responsable donc du département technique, donc des équipes nationales, Saâdane n'a apporté ni son soutien à Madjer ni affiché son désaccord avec lui. Saâdane s'est muré dans un silence qui ne sied certainement pas à son poste de responsabilité. Les tentatives de la presse nationale de l'inviter au débat sont restées du reste vaines. Peut-être attend-il que la situation se décante pour prendre la parole", écrivions-nous dans ces mêmes colonnes. Puis vient l'épisode douloureux du séminaire de la FIFA. Il était en effet question que Saâdane prenne part à cette réunion pour évaluer la dernière Coupe du monde, mais voilà qu'un problème de visa a empêché le DTN de répondre à cette invitation. Saâdane accuse la FAF d'avoir fait "capoter" sa participation. Il explique la mort dans l'âme qu'il s'est pointé à l'aéroport pensant naïvement qu'il récupérera son visa sur place (comme lui a pourtant expliqué le SG de la FAF) mais ne voyant rien venir, il rentre chez lui bredouille. Blessant. En vérité, dit-il, il s'agit "d'un coup monté, la FAF avait déjà informé l'entraîneur des gardiens de but, Bouras, qui n'a pas besoin de visa (binational) qu'il participera à ce séminaire en compagnie de Djamel Belmadi". À en croire donc Saâdane, la FAF a tout fait pour qu'il n'aille pas en Angleterre avec Belmadi en raison d'un vieux contentieux entre les deux hommes. Pourquoi ? Il faut savoir en fait que Belmadi n'a jamais pardonné à Saâdane d'avoir essayé de le mettre sur le banc de touche en quart de finale de la CAN 2004 contre le Maroc à Sfax avant que les dirigeants de la FAF de l'époque n'interviennent à minuit pour le remettre dans le onze rentrant au détriment de Ziani. Certains accusent d'ailleurs Belmadi d'avoir empêché Saâdane de déjeuner avec les joueurs lors du dernier stage des Verts à Sidi Moussa l'obligeant à se suffire d'un casse-croûte. Humiliant. Saâdane a eu également maille à partir avec le manager général de l'EN, Hakim Medane pour lequel, confie-t-il, il voue désormais "une haine viscérale", au même titre que Zetchi. Quand Saâdane affirme que "je dérangeais certains", les cibles sont claires, identifiées. Une année et demie après son élection à la tête de la FAF, Kheirredine Zetchi en est à son troisième DTN (Korichi, Tikanouine et Saâdane). Les trois ont démissionné. Au suivant ! SAMIR LAMARI