Résumé : Pris au dépourvu, Nacer crache le morceau et avoue à sa mère qu'il voulait épouser Naïma. Surprise, mais heureuse, Fettouma l'approuve dans son choix. Cependant, une question demeure posée. Naïma va-t-elle répondre favorablement à ses avances ? Comme la vie est compliquée ! Il était tellement heureux en voyant que sa mère approuvait son choix. Et maintenant, son bonheur commençait à s'effriter. Il soupire et lance d'une voix chevrotante : -L'idée de perdre Naïma me rend déjà malade, mère. J'avoue que je n'y avais pas du tout pensé. Je voulais t'en parler et te laisser le soin de demander sa main. Fettouma acquiesce. -Quand on aura terminé avec cette histoire de transfert du corps de ton père et de son enterrement, j'en toucherai un mot à Nacéra. Elle seule pourra me renseigner sur sa nièce. Si cette dernière n'est pas déjà promise, je suis certaine que sa tante sera heureuse de lui faire part de tes intentions. Il faudra que tu saches mon fils que seul le mektoub décidera pour vous deux. Nacer se sentit un peu rassuré, mais il était aussi impatient. Pourquoi sa mère s'entête-t-elle à laisser traîner les choses ? Pourquoi ne va-t-elle pas tout de suite en parler à Nacéra ? Pourra-t-il survivre encore longtemps au regard bleu azur de Naïma ? Il revoyait le sourire de la jeune fille et sentit son cœur prêt à bondir pour aller la rejoindre où qu'elle soit. Cependant, il reconnaît que sa mère avait raison. Ces choses ne se prennent pas à la légère, et il devrait plutôt la laisser s'en occuper. Fettouma sourit en voyant l'air triste et affligé de son fils. -Je ne t'ai encore jamais vu aussi malheureux, Nacer. On m'a toujours dit que même un roi, lorsqu'il est amoureux, délaisserait son royaume pour rejoindre sa dulcinée à l'autre bout de la Terre. Et je crois que cette fois-ci, ce dicton s'impose à toi sans restriction. Ne trouvant rien à répondre, le jeune homme garde le silence. Sa mère poursuit en lui tapotant l'épaule : -Laisse-moi faire, mon fils. Je te promets que si tout va bien, tu seras bientôt officiellement fiancé à cette adorable jeune fille. -Mais si Naïma a quelqu'un d'autre ? Fettouma relève les franges de son foulard avant de répondre : -Nacéra ne m'a jamais dit que sa nièce s'était fiancée, ou était déjà promise. Pourtant, nous échangeons beaucoup de confidences entre nous. Je voulais d'ailleurs prendre les devants et t'en parler. Mais te sachant réticent à toute proposition, je n'ai pas voulu trop m'aventurer. D'ailleurs, c'est en partie pour cela que je n'ai jamais osé aborder ce sujet avec Nacéra, bien qu'au fond de moi, je faisais le vœu d'avoir sa nièce Naïma comme bru. Nacer s'installe devant la table basse où sa mère venait de déposer le dîner. Il n'avait pas du tout faim. Mais c'était offenser sa mère s'il refusait de manger. Elle s'était donné tant de mal pour lui préparer les mets dont il raffolait. Mais Fettouma comprenait fort bien le désarroi de son fils. Ah ! L'amour quand il vous surprend ! Nacéra sera peut-être aussi surprise qu'elle d'apprendre que Nacer était tombé fou amoureux de sa nièce et voulait demander sa main. Pour couper court à tout quiproquo, elle se promet de lui en parler dès le lendemain matin. Tant pis si le moment était mal choisi. Naïma lui plaisait beaucoup à elle aussi. Elle était non seulement d'une beauté à couper le souffle, mais était bien élevée, instruite, douce, et avait des doigts d'or. On n'avait rien à redire là-dessus. (À SUIVRE) Y. H.