Résumé : Les palabres sous le figuier s'éternisèrent. Chacun y allait de son propre avis sur les deux grands événements que traverse la famille. Un enterrement et un mariage. La chose paraissait insensée, mais le destin semble avoir pris les devants. Rachid taquinait sa mère. 107eme partie Rachid hoche la tête en souriant. - Et que fais-tu donc des recherches et de la technologie ? - Tu sais bien que je ne comprends rien à ton langage, mon fils. Je ne suis qu'une vieille mémère qui a dépassé son temps. Tout le monde rit. - Tu es toujours notre maman chérie. Celle qui s'est sacrifiée pour nous élever et faire de nous des adultes consciencieux. Et nous aimerions te garder parmi nous aussi longtemps que Dieu le permettra, afin que tu puisses encore nous faire profiter de ta longue expérience de la vie. - Revenons donc à nos moutons, s'écrie Nacer impatient. Quand penses-tu, Nacéra, que les parents de ta nièce pourront nous recevoir ? - Ma foi, je ne sais pas encore, mais je ferai de mon mieux pour accélérer les choses. - Très bien. Mais en as-tu déjà parlé à Naïma ? Est-elle au courant ? - Bien sûr. Je t'ai déjà dit que j'en avais touché un mot sur cette affaire à ma sœur Khedaoudj et à Naïma. Elle sourit et poursuit : - Tu es impatient comme tous les amoureux. Je t'avoue que tu plais beaucoup à ma nièce. Vous êtes faits l'un pour l'autre. Le destin n'a fait que croiser vos chemins pour vous unir. Nacer semble soulagé. Un sourire heureux se dessine sur son visage et c'est d'un air joyeux qu'il se lève pour se diriger vers la sortie : - Je vous laisse à tous donc le soin de tout organiser. Et à mon retour, ce soir, j'espère que vous aurez déjà tout planifié. Ils le regardèrent sortir, puis Nacéra se leva. Elle avait le teint grisâtre et semblait souffrante. - Tu n'as pas bonne mine Nacéra, lui dit Rachid, qui n'avait pas cessé de lui jeter des regards inquiets depuis leur retour du cimetière. La femme fait de sa main un geste vague et hausse les épaules. - Je suis un peu fatiguée, c'est tout. J'avoue que depuis quelques jours, j'ai l'impression d'avoir du plomb dans les jambes, et de temps à autre des frissons secouent tout mon corps. - Pourquoi n'as-tu rien dit ? Viens, que je t'ausculte, peut-être que tu as pris un coup de froid ? - Par cette chaleur ? - Cela n'a rien à voir. Parfois, on est bien plus réceptifs au rhume d'été durant cette saison. - Non, je ne pense pas que ce soit un rhume, je vais tenter de faire une sieste, peut-être que ce n'est qu'une simple fatigue. Rachid secoue sa tête : - Tu négliges trop ta santé, Nacéra. Laisse-moi au moins t'ausculter. - Tu le feras demain si ma fatigue persiste. Oh ! Je ne suis pas une petite nature, tu sais. J'ai vécu des épreuves bien plus pénibles au maquis. - Mais ici tu n'es plus au maquis. Tu oublies aussi que toutes ces épreuves dont tu parles te seront néfastes à la longue, si tu t'entêtes à ne pas prendre soin de ta santé. Nacéra sourit. - Bien sûr, c'est le médecin qui parle. Mais, tu oublies toi aussi, Rachid, que j'ai soigné des blessés, traité des malades et enterré des morts. Tu veux me rendre la monnaie de ma pièce ou quoi ? Fettouma intervient à ce moment : - C'est vrai ce que tu racontes là, Nacéra, mais il se trouve qu'un cordonnier est toujours mal chaussé. Alors, plus on connaît son métier et plus on se néglige. Rachid ne s'est pas trompé, ces dernier temps, tu parais plus fatiguée que jamais. Tu as perdu du poids et tes yeux cernés n'augurent rien de bon. (À suivre) Y. H.