Les changements au sein de l'armée et les déballages qui s'en sont suivis ont suscité des interrogations au sein de l'opinion publique et de la classe politique. Après avoir été limogés durant l'été dernier, cinq généraux-majors, anciens hauts cadres de l'armée, ont été mis, hier, en détention préventive par le juge d'instruction du tribunal militaire de Blida. Ils sont accusés de "trafic d'influence", d'"enrichissement illicite" et de corruption. Selon des sources médiatiques, les cinq généraux-majors, que sont Saïd Bey, ancien chef de la 2e Région militaire, Habibe Chentouf, ancien commandant de la 1re Région militaire, Abderrazak Chérif, ancien commandant de la 4e Région militaire, Menad Nouba, ancien commandant de la Gendarmerie nationale et Boudjemaâ Boudouaouer, ancien directeur des finances du ministère de la Défense nationale, ainsi qu'un colonel travaillant dans le secteur opérationnel d'Oran ont été auditionnés dans la matinée d'hier. Le juge d'instruction du tribunal militaire de Blida a décidé, en début d'après-midi, de les placer en "détention provisoire" en attendant d'approfondir l'enquête. Avant ces auditions, conclues par des mises sous mandat de dépôt, la justice militaire avait déjà décidé de retirer les passeports à ces cinq anciens responsables de l'armée. La décision a été justifiée notamment par le déplacement de 3 jours du général-major Saïd Bey qui s'était rendu en France. Les cinq généraux-majors ont été limogés l'été dernier dans le cadre d'un grand mouvement opéré à la tête des régions militaires et d'autres grandes institutions de l'armée. La décision avait également touché d'autres hauts cadres de l'armée, dont le général-major Mokdad Benziane, ancien directeur des personnels du ministère de la Défense nationale, ainsi que Abdelghani Hamel, ancien DGSN et officier supérieur de l'ANP. Le commandant des forces aériennes, celui des forces terrestres et de la défense aérienne du territoire, ainsi que le secrétaire général du ministère de la Défense nationale ont également été remplacés avec la mention "admis à la retraite" pour certains d'entre eux. Après un long silence, le chef d'état-major de l'armée avait justifié ces changements par des raisons de "compétences" et par "la tradition d'alternance". Mais devant l'insistance des médias et de l'opinion publique, Ahmed Gaïd Salah a fini par livrer des messages sibyllins. "(…) La responsabilité n'est pas un poste avec lequel se vanter ou un grade avec lequel se flatter, la responsabilité est un ensemble de réelles qualifications, de conduite exemplaire, de comportement irréprochable et de commandement rationnel", avait-il souligné, en septembre, lors de l'installation du général-major Hamid Boumaïza dans ses fonctions de nouveau chef des forces aériennes. "L'action rationnelle, circonspecte et dévouée se manifeste par une parfaite conscience que la responsabilité est une lourde mission et que chaque responsable dans son poste, quelle qu'en soit la nature, sache assumer amplement les suites de ses décisions", avait-il également insisté lors d'une réunion avec les cadres de l'armée, organisée à Alger. Les changements au sein de l'armée et les déballages qui s'en sont suivis ont suscité des interrogations au sein de l'opinion publique et de la classe politique. Le RCD avait, par exemple, critiqué une attitude qui pouvait "mettre en danger" l'institution militaire. "La remise au-devant de la scène de l'institution militaire est une grave erreur aussi bien pour l'avenir du pays, privé de destin par la militarisation des mœurs politiques, que pour l'armée elle-même", avait indiqué le président de ce parti, Mohcine Belabbas, lors d'une rencontre des militants de son parti. Ali Boukhlef