Le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, explique sa démarche par la nécessité d'apporter du sang neuf à l'armée. Un argumentaire qui ne convainc pas, forcément. Plus d'un mois et demi après le début des changements intervenus dans l'armée, Ahmed Gaïd Salah se prononce publiquement et tente d'expliquer cette valse de limogeages-nominations par la nécessaire "alternance" aux postes de responsabilité. Une explication qui ne convainc pas, forcément. Lors de l'installation, jeudi, à Blida, du nouveau chef de la 1re Région militaire, le chef d'état-major de l'armée, qui insiste sur le rôle du chef de l'Etat dans ces changements intervenus à la tête de régions militaires et d'autres institutions de défense, a estimé que ces mouvements ont été faits sur la base de l'indice de "mérite" et de critère de "compétence". "L'indice de compétence et le critère du mérite sont le phare qui nous éclaire et nous guide tout au long du droit chemin que nous empruntons, qui vise l'encrage du principe de passation des fonctions et des postes, à en faire une coutume militaire et une tradition à pérenniser, ouvrant ainsi les opportunités et motivant la ressource humaine, afin de valoriser son capital d'expérience et l'encourager à multiplier les efforts au service de l'ANP, qui poursuivra avec détermination, (...) le même parcours vers la rentabilisation optimale d'expérience et de professionnalisme de ses cadres partout où ils exercent (...)", a affirmé le vice-ministre de la Défense nationale, selon un communiqué rendu public par son département. "Au service de ce noble principe, nous nous sommes engagés, en tant que haut commandement, à accorder toute l'attention et l'intérêt que ses fondements méritent, afin d'en faire une conduite professionnelle de haute importance dans la vie des personnels militaires de toutes les catégories, et un modèle ancré dans les esprits, que suivront nos jeunes partout où ils exercent, notamment ceux à qui incombe la charge de diriger des hommes, quel que soit le niveau de cette responsabilité", a ajouté le puissant chef des armées qui procèdera, ce samedi, à l'installation du général-major Souab Meftah, en qualité de commandant de la 2e Région militaire, en remplacement de Saïd Bey, relevé de ses fonctions la semaine dernière. Dans sa déclaration, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah explique, donc, sa démarche par la nécessité d'apporter du sang neuf à l'armée. Un changement de routine, tente d'expliquer, lui aussi, Djamel Ould-Abbes, secrétaire général du FLN lors d'une sortie médiatique improvisée. Intervenue en pleine période marquée par des rumeurs insistantes sur d'éventuelles complicités ou implications au sein des institutions de l'Etat dans l'affaire de la "cocaïne" saisie en mai dernier au port d'Oran, cette série de changements à la tête de certaines institutions de l'armée ne peut être réduite à une simple opération de permutation. Surtout que les deux chefs de régions limogés, à savoir Habib Chentouf et Saïd Bey, sont cités dans l'affaire "le Boucher". Rien ne prouve, certes, leur implication directe dans le dossier. Mais les noms des deux hommes et de leurs proches font partie de la longue liste des personnes citées, soupçonnées d'avoir un lien ou par le biais de proches dans cette scabreuse affaire. Et seul le fils de Habib Chentouf est venu démentir ces rumeurs. Sur le plan politique, ces changements — qui toucheront également d'autres régions militaires dans les prochains jours — interviennent à sept mois d'une élection présidentielle où le rôle de l'armée semble être déterminant pour sécuriser la reconduite d'Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat. Cela même s'il est difficile d'imaginer qu'un général, chef de région, puisse peser contre une option politique du régime en place. Selon des indiscrétions difficiles à confirmer pour l'instant, d'autres changements interviendront dans d'autres institutions de l'Etat après la rentrée sociale. Les partisans de Bouteflika veulent donc se donner tous les moyens pour vendre l'option de la présidence à vie et la concrétiser dans un deuxième temps. Ali Boukhlef