Cette 3e édition qui s'est tenue à l'IFA, les 13 et 14 octobre, a été ponctuée de diverses conférences dont le thème central est la violence. La 3e édition des Journées internationales de Philosophie d'Alger s'est tenue les 13 et 14 octobre à l'Institut français d'Alger (IFA). Quelques habitués étaient là, ainsi que quelques personnes qui découvraient, comme nous dira l'un d'entre eux, cette "belle initiative qui est intéressante par les thématiques abordées, mais qui nous laisse sur notre faim car insuffisante pour répondre à tous les questionnements du quotidien". Ainsi, durant deux journées pleines, il a été question de : "La conscience morale et la violence" ; "Approches philosophiques de la violence" ; "La violence dans la pensée de Michel Foucault" ; "Qu'est-ce qu'une image violente ?" ; "Le philosophe et la question de la violence : Platon et Al Kindi" ; "La violence symbolique dans l'espace public". Des sujets — dont le thème central, on l'aura compris, est : la violence —, abordés par des intervenants, questionnés par les présents, modérés par Lazhari Labter et Toufik Mendjeli qui nous définira la violence comme "un acte découlant du non-respect de l'autre, que ce soit ici en Algérie ou ailleurs. Elle peut être une sorte de méfiance, de méconnaissance de l'autre, le manque de confiance en soi ; une attitude qui met l'un face à l'autre alors qu'ils devraient se voir comme complémentaires, comme souvent c'est le cas chez l'homme qui a peur de la différence de la femme, qui voit en elle un danger potentiel et qui en fera par conséquent le sujet et l'objet de sa violence". Tout en ajoutant : "La violence c'est aussi la méconnaissance de la culture de l'autre, le non respect de sa différence (…). La philosophie est pour moi la "mère des sciences" qui ose poser des questions et s'interroger sur le pourquoi des choses et il est heureux de voir ici convoquer tout ce patrimoine philosophique hérité pour toucher à ce monstre qu'est la violence afin, non pas de l'éradiquer car ce serait trop lui demander, mais au moins l'expliquer, la démanteler pour pouvoir la canaliser ou au mieux lui faire face." Mais comment faire face à cette violence et tenter de la démanteler si la personne qui en use n'est pas consciente qu'elle commet un acte "immoral", d'autant plus lorsque son entourage proche, ou pire encore, la société dans laquelle elle vit, banalise cet acte violent jusqu'à le "moraliser" pour lui enlever toute culpabilité. Et les exemples de rue ou de vie courante ne manquent pas. Interrogé sur sa définition de la violence, Rachid, un citoyen sensible à la question, nous dira : "Pour moi, c'est le fait de violer une interdiction, une règle. C'est le fait d'imposer un point de vue de force, soit en élevant la voix ou pire, en employant la force physique. C'est aussi le non-respect des droits de l'autre comme ne pas respecter la chaîne dans un magasin, la priorité dans la circulation routière, ou tout simplement en discutant à voix haute dans un restaurant et ainsi faire violence aux autres clients auxquels on imposera cette discussion et dont on violera l'intimité." Et d'ajouter : "D'où l'importance de la philosophie qui aide à discuter de tout cela et à mettre le doigt sur des choses qui dérangent, qui fâchent même, mais elle le fera d'une manière paisible, en donnant à l'autre à réfléchir sur son comportement." La violence, tout comme les autres thèmes de la vie courante, sont à vulgariser et à aborder partout et par tous, d'où l'importance d'accompagner ces journées philosophiques, de les sortir hors enceintes fermées, et surtout l'absolue nécessité de considérer la philosophie comme recours indispensable, comme mode de vie qui mènera graduellement vers une sagesse du raisonnement, et comme chemin propice à tracer et à suivre pour construire la paix et mener vers le vivre-ensemble dans le respect de la différence. Samira Bendris-Oulebsir