La fusion de l'Union patriotique libre avec Nidaa Tounes pourrait contrarier les ambitions politiques du Premier ministre, Youssef Chahed, qui devient tributaire du soutien du mouvement islamiste Ennahdha. Le parti politique tunisien de l'Union patriotique libre (UPL) a annoncé, dimanche, sa décision de fusionner avec le mouvement Nidaa Tounes. Selon l'agence TAP, qui a rapporté l'information, le président du parti a été mandaté par le bureau politique pour prendre "les dispositions nécessaires" afin de concrétiser et parachever la fusion. Dans la déclaration rendue publique, l'UPL déclare "ne pas soutenir le gouvernement actuel et réclame un remaniement intégral, y compris le poste du chef du gouvernement". Un peu plus tôt, la porte-parole de l'UPL, Samira Chaouachi, avait également affirmé que "le bloc parlementaire de l'UPL va se retirer du bloc de la Coalition nationale s'il s'avère que ce dernier soutient le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et compte envisager un projet politique pour parvenir au pouvoir". Elle a ajouté que "le bloc de l'UPL, composé de 15 députés, avait rejoint le groupe de la Coalition nationale uniquement dans le cadre de l'action législative. Il s'avère clairement que cette décision de l'ULP est la résultante de l'échec des discussions menées au cours du mois de septembre avec M. Chahed pour la constitution d'une nouvelle formation politique à même de l'aider à concrétiser son ambition présidentielle". Il semblerait que c'est la contrepartie exigée par Slim Riahi, le patron de l'UPL, qui a été la principale cause ce divorce prématuré. Ce dernier est accusé par Karim Helali, un député du bloc coalition nationale de vouloir trouver à travers cette fusion entre l'UPL et Nidaa Tounes des solutions à ses déboires personnels avec la justice. "La création de notre bloc a été décidé entre les députés. On n'avait aucun contact avec Slim Riahi. (…) Il croyait qu'on avait créé ce bloc pour renforcer l'UPL. Or, ce n'est pas le cas. Il a rencontré, jeudi dernier, le chef du gouvernement Youcef Chahed et tout a basculé. Sa position a changé lorsque le sujet du remaniement ministériel a été débattu", a déclaré le parlementaire dans des propos rapportés par "Kapitalis". Selon lui, Slim Riahi a demandé des portefeuilles ministériels que s'est gardé de lui promettre M. Chahed, allant jusqu'à suggérer qu'avec ses déboires judiciaires, il a estimé utile d'avoir sous sa coupe le ministère de la Justice. Cette fusion fait de Nidaa Tounes le deuxième bloc parlementaire à l'Assemblée après Ennahdha. Le parti du président Béji Caïd Essebsi disposerait désormais de 62 sièges contre 68 pour Ennahdha auxquels s'ajouteraient les 43 de la Coalition nationale. Mais, cela ne suffit pas pour déquiller le Premier ministre, qui continue à bénéficier du soutien d'Ennahdha, comme cela avait été confirmé par son conseil de la choura la semaine écoulée. Il n'en demeure pas moins que cela n'apporte pas de solution à la crise politique dans laquelle est plongée la Tunisie, à l'approche des échéances électorales, notamment la présidentielle. Merzak Tigrine