La fusion de l'Union patriotique libre (UPL), dirigée par l'homme d'affaires controversé Slim Riahi, avec Nidaa Tounes, a été officialisée dans une conférence de presse, tenue hier à Tunis. Nidaa Tounes appelle l'UPL à la rescousse pour la sauver de la dérive et chasser Chahed, si possible. Les 13 députés de l'UPL à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont longtemps fait la navette entre le pouvoir et l'opposition. Ils ont soutenu l'accord de Carthage I et voté pour les deux gouvernements Chahed, avant de quitter l'alliance au pouvoir et naviguer à vue, selon les circonstances. L'UPL faisait partie du bloc de l'alliance nationaliste, créée il y a un peu plus d'un mois, qui prône la stabilité du gouvernement. Le week-end dernier, le bloc a changé de camp. Slim Riahi se dresse face à un prétendu putsch contre les résultats des élections de 2014 et demande le départ de Chahed. On lui aurait promis de lever le gel sur ses comptes, selon Me Lazhar Akermi, ex-ministre et dirigeant fondateur de Nidaa Tounes. Suite à la conférence de presse, annonçant la fusion de l'UPL au sein de Nidaa Tounes, l'homme d'affaires, leader du parti, Faouzi Loumi, a annoncé sur Radio Med que Hafedh Caïd Essebsi a conservé la direction de l'instance politique de Nidaa Tounes, alors que Slim Riahi est désormais secrétaire général du bureau politique, dont le coordinateur est le revenant Ridha Belhaj. Ladite refonte stipule également que Ridha Charfeddine est chargé de la préparation du prochain congrès électoral, prévu fin janvier 2019, et que la députée Ons Hattab est la porte-parole du parti, dont le bureau politique est désormais composé de 13 membres, alors que l'instance politique en est formée de 50. Lesquelles décisions ont été annoncées sans le moindre respect des règlements internes des deux partis, Nidaa Tounes et l'UPL, remarque le chroniqueur politique Mohamed Boughallab sur Radio Shems Fm. La remarque du chroniqueur vient du fait que personne ne peut prétendre connaître la composition de la direction de Nidaa Tounes, ni de ses structures, depuis le congrès de Sousse de janvier 2016. L'instance politique de 32 membres, issue de ce congrès, ne s'est jamais réunie. La majorité de ladite instance a déjà quitté le parti. Nidaa Tounes ne dispose pas d'organigramme connu, ni de structures régionales ou locales élues. Le directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi, se permet régulièrement de changer les coordinateurs régionaux ou locaux, s'ils expriment des positions politiques opposées aux siennes. Information justifiée par le coordinateur du parti, le revenant Ridha Belhaj, lors de son passage à l'émission «Midi Show» sur Mosaïque Fm. «Le directeur des structures, Caïd Essebsi Jr, a le droit de changer les coordinateurs», a affirmé Belhaj. Par ailleurs, Nidaa Tounes s'est arrêté de vendre des adhésions depuis 2013. Le parti prépare pourtant son congrès électoral dans un proche avenir. La volte-face des 13 députés de l'UPL a permis une bouffée d'oxygène à Nidaa Tounes, qui était passé, la semaine dernière, au 3e rang parmi les groupes parlementaires à l'ARP, avec seulement 39 membres, derrière Ennahdha (68 membres) et l'alliance nationaliste (51 membres). Nidaa Tounes va donc retrouver sa deuxième place, même si la composition de son bloc parlementaire est confuse, surtout que les mauvaises langues insistent sur le fait que l'UPL peut encore changer de bord si le gel n'est pas levé sur les comptes de Slim Riahi. L'enjeu dans la nouvelle cartographie est d'assurer la majorité pour le gouvernement de Youssef Chahed, aussi bien pour faire passer le projet de loi de finances 2019, qu'un éventuel remaniement ministériel. Chahed est soutenu actuellement par les islamistes d'Ennahdha et le bloc nationaliste. Deux autres blocs parlementaires sont courtisés par les soutiens de Chahed, à savoir Machrouaâ Tounes de Mohsen Marzouk (14 députés) et l'allégeance à la patrie (11 députés). Le sort du gouvernement dépend du positionnement de ces deux groupes, ainsi que de la manière dont Ennahdha va manœuvrer avec Nidaa Tounes. L'avenir de la Tunisie est loin d'être certain, surtout que le pays traverse une grave crise socioéconomique.