Il est certain que le président qui sera désigné demain est celui dont la candidature aura été retenue en dehors de l'enceinte de l'Assemblée. Comme ce fut toujours le cas. Le processus de destitution de Saïd Bouhadja reprend. Après avoir tergiversé sur la date de la tenue de la plénière qui désignera un nouveau titulaire du perchoir du Parlement, le bureau de l'Assemblée nationale a réenclenché le mouvement, hier, en annonçant la convocation de la plénière pour demain, mercredi, pour parachever l'opération de mise hors circuit de Saïd Bouhadja, même si ce dernier résiste encore. En effet, le bureau du Parlement a annoncé la tenue de cette séance demain afin, d'abord, de présenter le rapport sur la vacance du poste de président, et ensuite, de procéder à l'élection du successeur de Saïd Bouhadja. Pour rappel, le règlement intérieur de l'Assemblée populaire nationale précise dans son article 10 qu'"en cas de vacance de la présidence de l'Assemblée populaire nationale par suite de démission, d'incapacité ou d'incompatibilité ou de décès, il est procédé à l'élection du président de l'Assemblée populaire nationale suivant les mêmes modalités prévues par le présent règlement intérieur, dans un délai maximum de quinze (15) jours à compter de la déclaration de la vacance". Les anti-Bouhadja s'y prennent donc avant que ce délai soit dépassé, le compte à rebours ayant commencé le jour de la prononciation de la "vacance" du poste de président de l'Assemblée par la commission des affaires juridiques, soit jeudi dernier. Ainsi, il ne reste pour le processus que l'élaboration d'un rapport de cette commission qu'elle soumettra à l'appréciation de tous les élus en plénière. C'est ce qui est précisé, toujours par l'article 10. "La commission élabore un rapport constatant la vacance et le soumet en séance plénière à l'adoption de la majorité des membres de l'Assemblée." La suite de l'opération est énoncée comme suit : "Dans ce cas, l'opération de l'élection est dirigée par le doyen des vice-présidents non-candidat assisté des deux plus jeunes membres de l'Assemblée populaire nationale." À l'effet d'atteindre le quorum exigé pour une nouvelle élection, les élus de la majorité ont tous été convoqués pour assister à la plénière et appuyer les orientations de leurs chapelles politiques, elles-mêmes engagées dans le bras de fer contre Saïd Bouhadja. Le règlement intérieur précise dans son article 58 qu'"en cas d'absence de quorum, le scrutin est reporté à une séance ultérieure qui ne peut se tenir moins de six heures et plus de douze heures plus tard. Au cours de cette prochaine séance, le scrutin est validé, quel que soit le nombre des députés présents". À vrai dire, c'est une problématique à laquelle n'est pas confrontée la majorité parlementaire tant est qu'elle domine de loin l'hémicycle, à moins qu'une surprise ne survienne, sachant que le nombre de signataires de la fameuse pétition anti-Bouhadja n'est toujours pas connu avec précision. L'opposition, pour sa part, a déjà annoncé son boycott de la plénière. En effet, le FFS, le RCD, le PT, le MSP, l'alliance El Adala-El Bina-Ennahdha et le Front El-Moustakbel ont tous décidé de bouder la séance de demain en guise de dénonciation "du coup de force" contre Bouhadja et "le viol du règlement intérieur" par la majorité. Cependant, les élus des partis engagés dans le processus de destitution de Saïd Bouhadja sont confrontés au choix du futur président tandis que les prétendants, selon des indiscrétions, sont depuis quelques jours sur le qui-vive. Dans les coulisses de l'hémicycle, l'on évoque le député de Biskra, Mohamed Djellab, que ses "parrains" présentent comme le futur président de l'Assemblée. L'on évoque également Saïd Lakhdari, député de Tizi Ouzou et ex-chef du groupe parlementaire du FLN, ainsi que son successeur au même poste, Mouâd Bouchareb, élu de la wilaya de Sétif. En tout état de cause, il est certain que le président qui sera désigné demain sera celui dont la candidature aura été retenue en dehors de l'enceinte de l'Assemblée. Comme ce fut toujours le cas. Mohamed Mouloudj