À Boudouaou et Baba Hassen, les transporteurs privés ont observé, hier, un rassemblement pour exprimer leur mécontentement. Les dockers eux, parlent de paralysie du port et annoncent une rencontre, aujourd'hui, pour dire davantage sur cette situation qu'ils jugent grave. Le projet du métro est, quant à lui, menacé d'arrêt si les autorités n'accordent pas une dérogation spéciale pour la circulation des camions de chantiers. Le nouveau plan de circulation dans la capitale, entré en vigueur depuis le 1er juin, s'il a permis une relative fluidité de la circulation ne convient pas pour autant à tout le monde, notamment les transporteurs, propriétaires de camions de gros tonnage, les dockers, les commerçants. Tous commencent déjà à s'en plaindre. Hier à Boudouaou, ces transporteurs, contraints d'attendre jusqu'à dix-neuf heures pour décharger leurs cargaisons à Alger, ont bloqué la route de 10 heures à 13 heures. À l'ouest de la capitale, la protestation a été plus vive. Des camionneurs qui font quotidiennement la ligne Douéra-Draria ont organisé un grand rassemblement à Baba Hassen en brûlant des pneus. Depuis le 1er juin, leurs camions sont immobilisés, refusant de travailler la nuit pour des raisons de sécurité. La police a dû intervenir pour les disperser sans ménagement. La colère s'est propagée aux vendeurs des matériaux de construction de Chéraga. Eux aussi ont baissé rideau par solidarité avec les camionneurs qui n'ont pu leur livrer la marchandise. Les hôpitaux de l'Algérois sont également pénalisés, comme nous l'a confirmé hier un responsable qui pose le problème du transport des bouteilles d'oxygène la nuit. “Il s'agit d'un produit sensible, raison pour laquelle nous avons demandé une dérogation, mais elle nous a été refusée”, s'est-il plaint. Au niveau de certaines entreprises, ce nouveau plan a donné lieu à des changements d'habitude de fonctionnement. C'est le cas dans les établissements Hammoud Boualem. Lors de notre passage, un gardien déclare que le travail sur la chaîne ne commence que l'après-midi. Même décor au niveau du port où les conteneurs s'entassent sur les quais. Le syndicat des dockers animera aujourd'hui un point de presse pour réagir aux contraintes créées par le nouveau plan de circulation. Les distributeurs de farine et de lait ne décolèrent pas. Zaber Abdenour, chargé de l'organique au sein du syndicat des commerçants et président du Comité national des transporteurs, confirme le malaise. “Quand la wilaya a élaboré le plan, nous avons été associés à la commission de circulation, dit-il, pour l'instant nos avons déjà été saisis par les distributeurs de farine.” Une lettre sera adressée à la DCP d'Alger et à la sûreté de wilaya pour obtenir une dérogation à ces deux catégories de livreurs qui utilisent des grands camions. “Sinon on risque de pénaliser la population”, s'inquiète M. Zaber qui pose, lui aussi, le problème de sécurité, en particulier pour les grossistes de Oued Semmar. “Pendant la journée il y a des agressions, comment voulez-vous que ces commerçants puissent travailler la nuit ?” renchérit-il en convenant néanmoins que “pour nous, ce plan est provisoire et peut être aménagé en fonction des doléances que les adhérents de l'EGCCA exprimeront”. Ce plan de circulation n'épargne pas non plus les propriétaires de véhicules légers, déroutés par la profusion de sens interdits et les difficultés à trouver des endroits pour le stationnement, maintenant que dans certaines artères, il n'est plus permis de garer son véhicule de sept heures à dix-neuf heures. N. S.