Depuis le début de la semaine, de nombreux établissements scolaires de la wilaya de Tizi Ouzou, notamment des lycées et des collèges, sont paralysés par un boycott des cours déclenché par les élèves. Si le mouvement était initialement signalé dans quelques régions comme Larbaâ Nath Irathen, Tizi Rached, Beni Zmenzer, Bouzguène, M'kira, Ouadhias, Iferhounène, Fréha, pour ne citer que celles-ci, hier, la protestation a gagné les daïras de Boghni et de Tizi Gheniff ainsi qu'à Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya, où les élèves ont battu le pavé en scandant pratiquement le même mot d'ordre "Tamazight pour tous, ma ulac tamazight ulac, ulac !" Les marcheurs, encadrés par un important cordon de sécurité, ne voulaient rien savoir même si les personnels de leurs établissements respectifs ont tenté de les dissuader. "Nous exigeons que tamazight soit enseignée dans les 48 wilayas. Comment se fait-il qu'en dépit de son statut de langue nationale et officielle, elle est toujours facultative ? Il faut la généraliser dans tous les établissements scolaires parce qu'elle a été introduite dans l'enseignement depuis plus de vingt-trois ans", déclarent tous les élèves approchés à propos de cette contestation. À l'extrême sud de la wilaya, les élèves des lycées et des collèges de Tizi Gheniff ont rejoint, hier, leurs camarades de M'kira qui ont été les premiers à déclencher la protesta depuis dimanche dernier. Jusqu'à hier, les responsables du secteur de l'éducation n'ont pas réagi à ce vent de contestation alors que le mouvement gagne de plus en plus d'établissements de la région. Les associations de parents d'élèves de plusieurs établissements se concertent pour tenir une assemblée générale en urgence afin de s'entendre sur les voies à suivre pour arrêter ce mouvement. À Bouzeguène, Azazga, Fréha, Yakourène, Idjeur, Illoula Oumalou, Aït Zikki, Aghrib et Azeffoun, les établissements scolaires sont aussi désertés par les élèves pour exprimer leur colère face au déni identitaire et à la mauvaise prise en charge de l'enseignement de tamazight sur le terrain. Jusqu'à hier, le boycott des cours ne semblait pas s'estomper car chaque matin, les élèves déferlent vers leurs établissements respectifs munis de leurs effets scolaires mais avec l'emblème amazigh attaché au cou. Après le rassemblement devant les portails des établissements, ils entament leurs marches dans le calme tout en scandant des slogans en faveur de tamazight. "Pourquoi l'Etat tergiverse dans la prise en charge effective de tamazight dans sa promotion et dans son intégration effective, graduelle et obligatoire dans le système éducatif ?" s'interrogent les lycéens. "J'espère qu'une solution sera vite trouvée pour mettre un terme à ces perturbations d'autant plus que les examens de la fin du premier trimestre approchent à grands pas", dira un parent d'élève. De leur côté, les enseignants et les parents d'élèves appréhendent la contagion dans d'autres établissements et la généralisation de ce vent de révolte à travers toute la wilaya. O. Ghilès/K. N. Oukaci