La grève entamée par des élèves de quelques lycées de la wilaya de Tizi Ouzou, qui ont investi la rue pour refuser d'étudier la langue arabe en réaction à un sit-in observé, en septembre dernier, à Jijel pour protester contre l'enseignement obligatoire de tamazight, inquiète les parents d'élève. «On ne doit pas laisser nos enfants investir la rue à n'importe quel moment pour des raisons qui ne les concernent pas. L'enseignement de tamazight se développe de plus en plus, notamment depuis l'officialisation de notre langue. On ne doit pas le trouver toujours comme subterfuge pour régler des affaires politiques en utilisant nos enfants», déplore un parent d'élève, qui estime qu'à l'approche de chaque événement politique, on assiste à ce genre d'actions. Cet avis est partagé par un autre parent qui appréhende aussi que ce mouvement de grève soit utilisé à des fins politiques surtout, a-t-il insisté, qu'on est à l'approche d'élections : «Chaque année, on assiste à des tentatives de déstabilisation de notre wilaya qui a été, par le passé, le théâtre de règlements de compte entre clans au pouvoir. Qui veut manipuler nos enfants ?» L'action de boycott de l'étude de la langue arabe a commencé à Beni Zmenzer, à 12 kilomètres au sud de Tizi Ouzou, avant de se propager vers d'autres établissements d'enseignement secondaire de la wilaya, comme Tizi Rached, Larbaâ Nath Irathen, Ouadhias et Illoula Oumalou. Par ailleurs, le directeur de l'éducation, M. Lalaoui, a déclaré hier, sur les ondes de la radio régionale de Tizi Ouzou, qu'une réunion a été organisée avec les proviseurs de lycée en présence des représentants des parents d'élèves. «Nous avons réuni les directeurs des établissements scolaires pour leur donner des orientations visant à sensibiliser les élèves contre toute manipulation via les réseaux sociaux. D'ailleurs, ceux qui tentent de déstabiliser le secteur de l'éducation dans la wilaya veulent utiliser un élément sensible, à savoir tamazight, alors que l'enseignement de cette langue est généralisé dans notre wilaya», a-t-il ajouté. Abdellah Arkoub, inspecteur de tamazight, a estimé, sur les ondes de la même radio, que «le combat de tamazight est celui des adultes. Certes, notre souhait est de voir cette langue enseignée à travers tout le territoire national. Mais, elle commence à se généraliser progressivement dans plusieurs régions. Aujourd'hui, l'enseignant de tamazight a le même statut que l'arabe, le français, les maths…» Et de préciser que, cette année, «il y a eu la création de 30 postes d'enseignant de tamazight à Aïn Témouchent, entre autres. Les habitants des régions arabophones commencent à prendre conscience, eux aussi, de l'importance de cette langue».