Elle s'est irisé l'iris de son "Regard dans le vague" à l'aide du ton où se nuancent l'orangée clair ainsi que l'éclat duveteux de l'abricot mûr de son N'gaous natal. Couleur de "circonstance printanière" et d'identité de sa "montagne dorée", l'orange au ton de l'abricot s'entend, n'a pas usurpé sa nuance auprès du bel air de dame nature qui apaise "l'écho de la peine du vent" des Aurès. Loin s'en faut, puisqu'en plus qu'il soit vivifiant tel l'air du canyon du Ghoufi, l'orange est épicé d'un zeste de bonne humeur et sème la gaîté qui rayonne aussi des "rayures papillotantes" de la fertilité en termes d'innovation et de l'échange avec l'autre. Généreux jusqu'au noyau, le ton de l'abricot est aussi porteur d'espoir, d'euphorie et de l'intelligence du cœur. Et bien qu'il ne se désunisse pas de son authenticité, l'orange s'ancre dans les vergers de N'gaous et ses "colonnes aux hottes de fruits" si délicieux d'une hospitalité proportionnelle à la tolérance. Hardi, attractif et plaisant, l'orange s'admire dans l'"oscillation" champêtre du "rougeoiement des ardeurs" du rouge et "vers ce petit matin" où le jaune de l'astre se dilue dans la "giclée de l'or bleu de la délivrance" qui s'abat sur le "boisement sillonné aux longues gerçures". Si tant est qu'il en poussera d'intenses "gerbes en arabesques" et de "noueuses valses en hauteur". Elan de cœur, l'orange ravive la quête d'un peu de "philosophie de vie incontournable" ou ce "gisement" du bonheur qu'esquisse l'arc-en-ciel au-dessus de "la maïda de la verte Mitidja". Le secret de Djahida Houadef ? Elle le doit à l'écharpe bariolée du firmament, où elle cueille le bouquet aux sept couleurs du collier de l'éden, dont le rouge, l'orange, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo et le violet. Est-ce à dire qu'elle a la main verte ? Assurément oui ! du fait que l'effort de l'artiste se lit dans le "creusage d'écorces" des orangeraies de la Mitidja, où s'est posé l'arc-en-ciel qui y ajoute de la lumière au blanc virginal du haïk des "Casbadjiette" "sur la terrasse de notre Casbah". Authentifiée en l'an 1736, l'orangée clair s'est hissée en 1786 au hit-parade du nuancier, où il est répertorié d'abord clair puis nourri à "l'étreinte des tiges". Mieux, le "libre essor de l'orange vers les cieux du petit matin" va crescendo et s'intègre au répertoire de couleurs de la Société des chrysanthémistes (1905), où l'orange s'enrichit du jaune de chrome et rouge cuivré. De la sorte, on eut dit que l'artiste est légataire de couleurs qu'elle a tétée au "songe à travers les éclats des fenêtres de la nuit" et de son enfance. Outre cela, l'artiste-peintre Djahida Houadef a à cœur d'illustrer l'Algérienne pour laquelle s'est sacrifiée son exemple et son double, la martyr Meriem Bouatoura dite Yasmina (1938-1960) "au nom de la liberté". D'ailleurs, "ça se vit" dans l'esprit et la lettre du "Pacte avec la lumière" qui illumine l'exposition au thème du "Passage rituélique" de l'artiste-peintre Djahida Houadef, où cette âme de N'gaoussiette distille une "panoplie d'essences rares" aux adeptes du beau. D'ailleurs, le choix de ce lieu de gloire n'est pas fortuit, du fait qu'il y a ce "cordon" ombilical qui la relie aux pionniers de l'art qui l'ont précédée à la galerie Mohamed-Racim et où le visiteur "déambule, plein d'un songe inouï de beauté" jusqu'au 3 novembre prochain. Autre innovation, l'artiste-peintre Djahida Houadef accompagne l'enfant pour un tour de galerie avec à la clef, son livre de coloriage intitulé Découvre les couleurs avec Djahida Houadef. Allez-y avec vos enfants pendant qu'il est encore disponible. Louhal Nourreddine