Palette - «Original» a été le mot unanimement prononcé par le public présent, hier, au vernissage de l'artiste peintre Djahida Houadef. Intitulée ‘N'gaoussiette', l'exposition, qui se tient au Palais des raïs (Bastion 23), propose quarante œuvres que l'artiste a réalisées durant ces trois dernières années. Pour célébrer le 50e anniversaire de l'indépendance et fêter le mois de la femme, Djahida Houadef a choisi en effet le titre de ‘N'gaoussiette' pour rendre hommage à la femme et en particulier à celle de la région de N'gaous dont elle est originaire. A ce propos, elle dira : «J'ai choisi ce titre pour rendre hommage à la région où je suis née. C'est une façon de traduire mon attachement à mes racines. L'enfance est une période décisive dans notre vie, notre destin en dépend. Le titre est au féminin ; c'est pour rendre hommage à la femme algérienne et particulièrement à celle de N'gaous.» Parcourant les œuvres exposées, on est interpellé, à chaque fois, par «l'enfant» qui habite la plasticienne. En permanence la femme, mais aussi la nature dans toute sa splendeur et ses couleurs attrayantes : les arbres, les poissons, les papillons et les montagnes sont présents. Autant d'éléments qui nous renvoient à un vécu en perpétuel contact avec la nature qu'offre la région natale de l'artiste. «Je suis très proche de la nature, mon enfance a été imprégnée par un paysage généreux de verdure. Dans mon travail J'associe la femme à la nature parce que je considère que le monde féminin est beau et pur comme la nature», souligne-t-elle. Son tableau ‘Bi-Laâdjar' (ou «la voilette») nous interpelle particulièrement. On y voit deux silhouettes féminines, vêtue de l'habit traditionnel algérois et portant une voilette. Elles sont entourées de la pomme, «le fruit interdit». Le tableau note le rôle de la femme dans la préservation de l'identité culturelle. Pareillement pour l'œuvre intitulée ‘Djebel'Aures' (ou ‘Les Aurès'), où la silhouette de la femme est entourée de ces montagnes qui ont été le témoin de la résistance de tout un peuple. Les femmes font partie de cette résistance, ce sont des «combattantes», des «martyres». Comme le monde des enfants, les œuvres de Djahida Houadef sont faites de nombreuses couleurs, mais disposées de façon harmonieuse. A cet effet, elle confirmera : «La peinture est avant tout la couleur.» Utilisant une technique mixte sur papier : un mélange d'acrylique, de gouache et de crayons de couleurs, l'artiste se réclame de l'art contemporain, elle soulignera dans ce sens : «On ne peut pas placer mon art dans un moule de l'histoire de l'art, c'est une expression personnelle qui ne peut être classée dans un mouvement artistique antérieur». Ainsi, le temps d'une exposition, la plasticienne invite le public à un voyage dans son monde imaginaire. C'est donc un moment de magie et de voyage à l'intérieur de soi que nous offre le tableau ‘N'gaoussiette' de Djahida Houadef. L'exposition prendra fin le 30 mars prochain. Par ailleurs, Djahida Houadef, préoccupée par la dure réalité de l'artiste, a profité de l'occasion pour dire ses préoccupations. «Il faut soutenir l'artiste par l'organisation d'un marché de l'art», dit-elle, et d'ajouter : «Il faut consacrer à l'art un budget conséquent pour permettre une continuité des travaux artistiques. L'artiste a besoin d'un espace de travail pour multiplier ses expositions, car sans cela, il ne peut pas avancer. L'art plastique en Algérie risque alors de se perdre et de ce fait nous perdrons notre identité.»