En accordant un délai supplémentaire au club annabi, la FAF vient de désavouer la CD de la LFP et crée un précédent grave. Explications. Dans un communiqué publié vendredi soir sur son site officiel, la FAF indique que "profitant de la tenue de la session mensuelle du bureau fédéral, ce vendredi 26 octobre 2018, le président de la Fédération algérienne de football en compagnie du président de la LFP a convié à une réunion, le président de l'USM Annaba, M. Zaïm en vue de trouver une issue aux dettes que ce club traîne depuis des années auprès d'un certain nombre de joueurs. Le président de l'USM Annaba a promis de régulariser la situation de son club tout en demandant un temps pour pouvoir le faire…" Le même Zaïm annonce dans un enregistrement vidéo publié sur le même site de la FAF que "l'USM Annaba vient de bénéficier d'un nouveau délai pour payer cette dette (de 9 milliards 600 millions de centimes), soit jusqu'à la fin de la saison, et révèle également que son club pourra recruter lors du prochain mercato hivernal". Or, il faut savoir que lors de sa réunion ordinaire de lundi la commission de discipline de la LFP, organe juridictionnel de la FAF, avait déjà statué dans l'affaire de l'USM Annaba dont d'anciens joueurs n'ont pas été payés. "La commission invite le club à régulariser la situation financière pour les 20 joueurs dans un délai de 15 jours, au plus tard le 5 novembre 2018. Par défaut, la commission prend les sanctions citées dans l'article 91 du code disciplinaire de la FAF", note le communiqué de la CD de la LFP. Que prévoit justement l'article 91 du code disciplinaire de la FAF ? "Outre les dispositions prévues par l'article 90 du présent code disciplinaire, tout club, entraîneur, joueur qui ne paie pas intégralement ou paie en partie une somme d'argent due à un autre membre (fédération, club, joueur, entraîneur) ou à la FIFA, bien qu'il ait été condamné par un organe quelconque de la FAF, de la FIFA ou du TAS (décision financière) ou quiconque ne respecte pas une décision non financière de ces mêmes organes et instances sera sanctionné d'une amende de cinquante mille dinars (50 000 DA) ; par suite, il recevra des autorités juridictionnelles de la LFP, la Fédération et/ou d'autres instances internationales un dernier délai de grâce pour s'acquitter de sa dette ; s'il s'agit d'un club, il sera mis en garde d'avoir à régler sa dette sous peine de déduction de points ou de rétrogradation dans la catégorie inférieure", stipule cet article. Le CRB est en droit de demander réparation Et d'ajouter : "En cas de non-paiement ou de non-respect de la décision malgré le dernier délai de grâce accordé, une interdiction de recrutement de joueurs est prononcée. Si le club ne respecte pas ce dernier délai, la Fédération et/ou la ligue concernée sera tenue d'appliquer les sanctions prononcées. La déduction de points portera sur trois paliers (3 points, 6 points et 9 points) en fonction du montant dû. Une suspension de toute activité relative au football peut par ailleurs être prononcée contre toute personne physique (dirigeants, joueurs, entraîneur).Tout recours contre une décision prise en vertu du présent article doit être interjeté auprès du TAS, dans un délai de 24 heures après sa notification, sous peine de forclusion." Autrement dit, les dirigeants de l'USMAn ont jusqu'au 5 novembre pour payer leur dette évaluée à près de 10 milliards. Avec cette décision qui ne repose sur aucune base juridique, la FAF qui aurait pu passer néanmoins par sa commission de recours (second organe juridictionnel de la fédération), ne serait-ce que pour sauver la face, désavoue brutalement la LFP et privilégie les petits arrangements de circonstance à l'application stricte de la loi. C'est là la première violation de la réglementation dans cette affaire. La seconde concerne la démarche de la FAF avec un autre club dans un dossier quasi similaire. En effet, la FAF n'a pas eu la même indulgence avec la direction du CRB en début de saison dont l'équipe s'est vue infliger une défalcation de trois points et qui doit payer encore des dettes avant le prochain mercato sous peine de nouvelles sanctions. Une politique du deux poids, deux mesures inexplicable et inacceptable. L'été dernier, les dirigeants du CRB avaient tenté également d'arracher une audience avec le président de la FAF, Kheirredine Zetchi, pour avoir un nouveau délai. En vain. Pourquoi ? Aujourd'hui, la direction du CRB n'est-elle pas en mesure de demander réparation, soit restituer les trois points défalqués au club, voire même reprogrammer la rencontre CRB-ASAM que la Chabab a perdue sur tapis vert ? SAMIR LAMARI