"L'économie algérienne est une économie de rente assise presque exclusivement sur la production et l'exportation d'hydrocarbures", souligne l'établissement bancaire français. Le groupe bancaire français Crédit agricole s'est penché, dans sa dernière publication "Perspectives", publiée le 26 octobre dernier, sur l'évolution de l'économie algérienne depuis la remontée du prix du pétrole. Le groupe estime que l'évolution de l'endettement public est un autre sujet de préoccupation. "Malgré une amélioration depuis 2015, le déficit budgétaire reste trop élevé à presque 9% du PIB et entraîne une dérive rapide de la dette publique qui pourrait atteindre 40% du PIB en 2019. Le projet de loi de finances 2019 prévoit une modeste réduction des dépenses de 1,5% et un délai dans la réduction des subventions", indique Crédit agricole. L'économie algérienne, souligne la publication, "est une économie de rente assise presque exclusivement sur la production et l'exportation d'hydrocarbures". De ce fait, relève Crédit agricole S. A., "elle a beaucoup souffert de la chute des prix de 2014 à 2017". Durant cette période, constate le groupe bancaire français, les déficits jumeaux (budgétaire et courant) ont été parmi les plus élevés de la région Moyen-Orient – Afrique du Nord, dépassés seulement par ceux d'Oman et du Liban. "Depuis la remontée du prix du pétrole, ces déficits s'atténuent significativement, puisqu'ils ne devraient s'établir qu'à respectivement 6,6% et 8,9% du PIB en 2018", prévoit Crédit agricole. Toutefois, nuance-t-il, "avec un seuil d'équilibre encore aux alentours de 100 dollars le baril, le prix du pétrole à 80 dollars est encore trop faible pour espérer rapidement un retour aux excédents à horizon de trois ans". Néanmoins, souligne le groupe bancaire français, la chute des réserves en devises est beaucoup moins rapide qu'au cours des trois années passées, en partie grâce à la mise en œuvre d'une politique de création monétaire vigoureuse (11% du PIB cette année). À 86 milliards de dollars à fin septembre, elles représentent encore la moitié du produit intérieur brut (PIB) et ne baissent plus que d'un milliard par mois. "À ce rythme, le seuil d'alerte minimum de six mois d'importation ne serait atteint que dans environ quatre années, ce qui laisse une marge de manœuvre appréciable pour ce pays à la dette externe presque nulle (5% du PIB)", indique Crédit agricole. Pour rappel, dans son bulletin monétaire et financier au premier semestre 2018, la Banque d'Algérie a indiqué que les réserves de change se sont contractées de 8,72 milliards de dollars, passant de 97,33 milliards de dollars à fin décembre 2017 à 88,61 milliards à fin juin 2018. En dépit de la remontée du prix moyen du pétrole à près de 71 dollars le baril, durant le premier semestre de l'année en cours, en contexte de baisse des quantités exportées, le déficit du solde global de la balance des paiements (et corrélativement l'érosion des réserves de change) demeure encore relativement élevé. Selon Crédit agricole, la croissance du PIB, prévue à 2,6% cette année, reste tirée par le secteur pétrolier et gazier (notamment les investissements de Sonatrach pour favoriser les exportations) et par la relance de certains projets de construction. Le secteur non pétrolier est à la traîne, notamment les industries du textile, du cuir et du bois en récession en début d'année. Pour Crédit agricole, le niveau du chômage reste assez élevé à 11,1% (soit 1,4 million de personnes). L'Office des statistiques estime qu'un nombre équivalent de personnes sans emploi ne sont plus comptabilisées dans la catégorie des chômeurs, car elles ont renoncé à chercher du travail. Meziane Rabhi