L'Algérie est confrontée à un dilemme de politique économique et sociale, estime le groupe Crédit Agricole dans son hebdomadaire Perspectives du 4 septembre dernier. Le groupe Crédit Agricole indique que "le gouvernement a récemment décidé de réduire ses dépenses de 9% en 2016, mais la dépréciation du dinar risque de relancer l'inflation importée dans un pays où la balance commerciale est devenue déficitaire depuis mi-2014". L'inflation s'élève à 5% depuis le début 2015 et "pourrait excéder ce chiffre en fin d'année", estime le groupe bancaire français. "Elle implique des risques plus budgétaires que sociaux dans la mesure où les produits alimentaires sont largement subventionnés", précise-t-il. Le groupe Crédit Agricole note que le cours du dinar algérien s'est établi à 106 par dollar US début septembre alors qu'il était à 82 au 1er janvier. "La dépréciation de la devise algérienne atteint donc 17% depuis le début de l'année et 24% depuis un an", note le groupe bancaire français. Par rapport à l'euro, la dépréciation est moindre puisqu'elle n'atteint que 12%. "Cette situation est bien sûr totalement liée à la chute du prix du pétrole qui constitue 97% des exportations du pays et la majorité des recettes fiscales du gouvernement", explique le Crédit Agricole. Les raisons du changement de la politique monétaire sont multiples : le pays est entré dans des déficits jumeaux (budgétaire et courant) en 2014 et ces déficits se creusent en 2015. "Ils pourraient dépasser les 10% du PIB chacun, des montants élevés pour un pays émergent", prévoit-il. Le solde courant est déficitaire de 8 milliards de dollars au 1er trimestre (soit 4% du PIB). "Par ailleurs, alors que la plupart des analystes et notamment le FMI sont d'accord pour considérer le dinar comme surévalué, la Banque centrale n'a pas souhaité mobiliser ses réserves en devises, pourtant larges à 180 milliards de dollars, pour défendre le cours du dinar", indique le groupe Crédit Agricole. "Après avoir tenté de réduire les importations par des mesures administratives en début d'année, le gouvernement aura donc préféré recourir à l'arme monétaire qui renchérit leur coût. Elles ont baissé de 10% sur les sept premiers mois", constate le groupe bancaire français.