Les trois journalistes, inculpés de diffamation, d'outrage aux institutions et d'atteinte à la vie privée, ont été placés sous mandat de dépôt. L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a appelé, hier, au respect de la dignité et de la présomption d'innocence des journalistes, à savoir le directeur des sites Algérie Direct et Dzaïr Presse, Adlène Mellah, le rédacteur en chef et journaliste du site d'information Algérie Part, Abdou Semmar, et de son collaborateur, Merouane Boudiab, et dénoncé le traitement médiatique de cette affaire par Ennahar TV, en jugeant que "ces pratiques condamnent de fait Abdou Semmar, Merouane Boudiaf et Adlène Mellah", et qu'"elles peuvent impacter de manière dangereuse le déroulement du procès". "Nous appelons au respect de la dignité et de la présomption d'innocence des journalistes, a déclaré Souhaieb Khayati, directeur du bureau de Tunis de RSF. Le traitement médiatique de cette affaire par Ennahar TV est contraire à l'article 56 de la Constitution et aux conventions internationales ratifiées par l'Algérie. Ces pratiques condamnent, de fait, Abdou Semmar, Merouane Boudiaf et Adlène Mellah. Elles peuvent impacter de manière dangereuse le déroulement du procès. Les autorités ont la responsabilité de leur garantir un procès équitable." "Depuis leur interpellation, la chaîne Ennahar TV, dont le propriétaire, Anis Rahmani, est l'un des plaignants contre les trois journalistes, n'a de cesse de diffuser des images les montrant menottés au tribunal ou encore en train d'être transférés en prison. Des éléments de l'enquête préliminaire, censés rester confidentiels jusqu'à leur présentation au parquet, ont aussi été sciemment diffusés par ce média", ajoute le communiqué de RSF. Et ce, en rappelant que les journalistes susmentionnés ont été interpellés les 22 et 23 octobre dernier, puis inculpés de diffamation, outrage aux institutions et atteinte à la vie privée, avant d'être placés sous mandat de dépôt, le 25 octobre, jusqu'à l'ouverture de leur procès, prévu le 8 novembre prochain. RSF avait adressé le 31 octobre une lettre ouverte au président Abdelaziz Bouteflika l'appelant à intervenir, afin de libérer les trois journalistes poursuivis pour leur activité journalistique. Le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a, en effet, appelé Abdelaziz Bouteflika à "la libération immédiate" des trois journalistes. "Monsieur le Président, dans votre message adressé aux journalistes et aux médias algériens à l'occasion de la Journée nationale de la presse, vous avez évoqué le rôle déterminant des journalistes pour le renforcement de l'Etat de droit. Vous avez souligné l'importance de développer une presse professionnelle et indépendante. Pour la première fois, en 2016, sous votre présidence, la liberté de la presse est devenue un principe constitutionnel. RSF avait notamment salué à l'époque l'introduction de l'article 50 qui marquait une avancée importante pour le droit et la liberté d'informer en Algérie", a rappelé Christophe Deloire au chef de l'Etat. Auparavant, RSF a dénoncé, jeudi 25 octobre, l'arrestation des journalistes et éditeurs de presse électronique. "Aucun journaliste ne devrait se retrouver en prison pour des faits de diffamation", avait déclaré Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de RSF. Selon l'ONG, l'Algérie est 136e au classement mondial de la liberté de la presse 2018. A. R. [email protected]