C'est un véritable cri d'alarme qu'a lancé, hier, l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab) quant à la situation que vivent ses membres de la filière lait. Lors d'une conférence de presse animée au siège de l'association, son président, Ali Hamani, a tenu à signaler les difficultés d'approvisionnement en matières premières de cette industrie de transformation de lait et produits laitiers. Des difficultés qui, selon lui, mettent en danger la viabilité de l'outil de production et le maintien du niveau de l'emploi direct et indirect. En clair, les producteurs affiliés à l'Apab n'arrivent pas à s'approvisionner suffisamment en poudre de lait (à 26% MG et à 0% MG) et en fromages de fonte (type Cheddar). Les quantités de poudre de lait accordées aux transformateurs sont nettement insuffisantes pour faire fonctionner normalement leurs unités de production. Selon les chiffres révélés par Ali Hamani, pour la période des neuf premiers mois de l'année et à fin septembre 2018, les quantités de matières premières réellement attribuées aux producteurs n'ont jamais dépassé la moyenne de 40% des capacités réalisées et des quantités attribuées durant les exercices antérieurs (2015, 2016, 2017). Par ailleurs, une régression significative a été enregistrée pour le troisième trimestre 2018, sans dépasser la moyenne de 20%. Pour éviter les amalgames, le président de l'Apab a souligné que la situation qu'il a évoquée ne concerne pas la poudre de lait subventionnée, mais plutôt celle importée par les entreprises sur leur propre compte sans recourir aux quotas de l'Onil. Ces matières premières, a-t-il ajouté, étaient importées sans aucun problème par le passé, mais depuis l'instauration du dispositif des licences d'importation, elles se sont malheureusement raréfiées. Cette raréfaction a empiré à partir du début de cette année conséquemment aux difficultés pour les transformateurs industriels d'obtenir les dérogations sanitaires d'importation (DSI) comportant les quantités sollicitées. Loin de remettre en cause cette DSI, l'Apab pointe du doigt plutôt le dysfonctionnement dans la procédure et les règles d'attribution de cette dérogation, à commencer par l'absence de critères clairs, transparents et acceptables pour les professionnels concernant la répartition des quantités des matières premières à importer. À ce titre, Ali Hamani a relevé que des dérogations sont attribuées avec d'importantes quantités à divers importateurs versés dans la revente en l'état, alors que des transformateurs peinent à avoir les quantités nécessaires au fonctionnement de leurs unités de production. Résultats des courses : des transformateurs se voient obligés d'aller s'approvisionner chez ces mêmes importateurs moyennant, de surcroît, un prix exorbitant. L'Apab a également dénoncé le délai de validité de ces DSI, limité à trois mois, et qui ne permettent pas à l'opérateur, d'une part, de saisir les opportunités sur le marché mondial des matières premières et, d'autre part, de constituer des stocks permettant de répondre aux impondérables. Saïd Smati