Même s'il ne vit plus en exil, la voix de Mahmoud Darwich ne vibre que pour la Palestine. Sa patrie, son grand amour. Invité de la télévision algérienne et du ministère de la Culture, le poète a animé, dimanche soir, un récital poétique à la salle Ibn Khaldoun au grand bonheur de ses adeptes, algériens, palestiniens et autres frères arabes installés à Alger. La soirée a également rassemblé un large parterre d'officiels et de diplomates, dont Abdelkader Ben Salah, président du Sénat, Khalida Toumi, ministre de la Culture, Mohamed El-Achaâri, ministre marocain de la Culture en visite à Alger. “Je suis particulièrement fier de revenir en Algérie, terre des révolutionnaires”, lance Darwich, qui rappellera le soutien inconditionnel de l'Algérie à la cause palestinienne, au moment où le monde entier entretient une “culture de reniement”. Bourlinguer dans le temps et l'espace, Mahmoud Darwich continue de fredonner la douce chanson de la Palestine, la douleur de l'exil dans la patrie, l'injustice et la résistance. Ses poèmes sont empreints de rébellion et de nostalgie. Derwich est poète, non, il est Palestinien. De gré ou malgré lui, il est porte-parole de son peuple. Un guerrier qui n'a pour arme que les mots puisés dans la douleur de l'injustice et la souffrance des camps de réfugiés. L'homme qui a, pratiquement, tout vécu de l'histoire de la Palestine, exil, état de siège… et qui assiste aujourd'hui à la construction du mur de la honte, usant de mots simples et forts où la diatribe trouve une place de choix. Eternel exilé, Caire, Beyrouth, Paris, Tunis, Amman et aujourd'hui à Ramallah, Darwich rêve la paix sans conditions. La paix vue par les Palestiniens. Mais la poésie de Darwich c'est aussi ces longs moments d'attente de la bien-aimée, les amours perdus et les passions dévastatrices. Une somme de sentiments que seul un poète sait traduire. Si je rentre, enfouis-moi, Bûche, dans ton âtre. Et suspends-moi, Corde à linge, sur le toit de ta maison. Je ne tiens pas debout Sans ta prière du jour. J'ai vieilli. Ramène les étoiles de l'enfance Et je partagerai avec les petits des oiseaux, Le chemin du retour... Au nid de ton attente ! Ecrivait Darwich dans À ma mère, en 1966. Aujourd'hui, le chemin du retour n'est plus celui imaginé. C'est encore des pas sur la route de l'incertitude et de la souffrance, l'exil dans l'exil. Poète de la Palestine et un des chefs de file de la poésie arabe contemporaine, Darwich compte une œuvre riche de plus de dix-sept recueils de poésies. W. L.