L'un des défis auquel fait face le rail algérien est la recrudescence des actes de malveillance qui grève le budget de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF). À titre illustratif, 1 378 jets de pierres ont été enregistrés, sur l'ensemble du réseau, entre 2013 et 2018 dont l'une des incidences est le coût des réparations des vitres qui a dépassé les 35,6 milliards de centimes entre 2013 et 2017. Depuis le 1er février dernier, la SNTF a dépensé plus de 2,6 milliards de centimes pour ces réparations. L'autre conséquence concerne les préjudices physiques causés puisque 79 passagers et 84 agents SNTF ont été blessés lors de cette même période. Le manque à gagner de la société est encore à signaler, les pertes se chiffrant quotidiennement entre 9 et 118 millions de centimes par train pour le fret et 10 millions de centimes par train pour les voyageurs. De 2013 à 2018, les réparations du matériel roulant ont coûté 140 milliards de centimes à la SNTF, c'est dire le préjudice financier subi. Les accidents, entre heurts de véhicules, d'obstacles et de personnes, sont l'autre visage dramatique du chemin de fer algérien. Entre 2013 et 2018, 3 morts ont été enregistrés dans 37 accidents entre trains et véhicules, sur des passages à niveau gardés, et 62 morts dans 420 heurts sur des passages à niveau non gardés. 250 personnes sont mortes, écrasées par le train, dans 425 accidents comptabilisés sur la même période. Dans un entretien accordé à Liberté, Mourad Dib, le directeur régional d'Oran de la SNTF, s'accorde à dire que la première raison de cette situation reste l'incivisme. Mais au-delà de l'aspect financier et matériel, l'impact de ces agressions et accidents sur la voie ferrée est d'ordre psychologique étant donné qu'il concerne les mécaniciens qui sont de plus en plus nombreux à demander à descendre du train. "Des maladies professionnelles sont liées au choc des accidents. Des mécaniciens sont traumatisés, ce qui pose un problème de gestion du personnel", reconnaît M. Dib. Le problème des passages à niveau reste l'un des obstacles majeurs pour le rail algérien puisqu'il impacte directement le modèle de gestion de la société. L'idéal étant de les supprimer sinon en réalisant des passages supérieurs ou des trémies pour les contourner. À ce propos, un avis d'appel d'offres a été lancé par l'Anesrif pour l'élimination de 13 passages à niveau sur la voie Oran-Alger. Pour la seule région de l'Ouest, on compte 477 passages à niveau dont 105 sont qualifiés de dangereux et des centaines d'autres illicites qui voient le jour sur le tracé ferroviaire. À ce propos, notre interlocuteur indique que la société dépose plainte contre X auprès des services de sécurité, mais les dossiers sont souvent classés sans suite. "Les conséquences de ces passages aménagés avec des niveaux de tuf pour permettre le passage de véhicules ou de tracteurs sont dangereux autant pour les personnes qui les empruntent que pour les mécaniciens qui ne sont pas censés connaître leur existence", explique M. Dib. L'autre incidence de ces heurts aux passages à niveau est le retard puisque le train est automatiquement bloqué et le mécanicien soumis à un prélèvement de sang dans l'hôpital mandaté le plus proche, ce qui entraîne une réaction en chaîne. "Nous sommes dans une phase de réflexion avec les services de sécurité pour trouver une solution et libérer le train en parallèle de la poursuite de l'enquête", ajoute notre interlocuteur. Quant aux jets de pierres, leurs incidences sont énormes : "Nous ciblons les zones à risques pour sensibiliser les associations en leur communiquant même les heures de passage des trains", explique M. Dib dans l'espoir d'une prise de conscience devant un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Un travail étroit est également en train de se faire avec les services de sécurité qui auront le droit de circuler sur la voie sur des draisines. Par ailleurs, nous apprenons qu'une nouvelle gare ferroviaire, dédiée aux Coradia, à l'image de celle d'Alger sera prochainement réceptionnée, le taux d'avancement des travaux étant à 90%. Saïd Oussad