L'Arabie saoudite a estimé indispensable de réduire la production mondiale de pétrole de 1 million de barils/jour afin d'équilibrer le marché. Comme l'Opep et les producteurs qui n'en sont pas membres, dont la Russie, le font remarquer, une tendance à la hausse de l'offre pétrolière mondiale va se produire en 2019, et cela peut être un signal d'alerte à prendre rapidement au sérieux. Si l'offre gonfle dans des proportions considérables, le risque d'effondrement des prix de l'or noir sera réel. Et cela les faits trembler. Pour affronter cette situation avec efficacité, l'Opep et ses alliés, qui se sont réunis dimanche dernier à Abou Dhabi (Emirats arabes Unis), ont convenu d'agir de concert en vue d'un objectif commun, celui de soutenir les prix du marché. Mais ils ont besoin d'un consensus sur la démarche à suivre. A priori, ils entendent réduire l'offre pétrolière. Mais de combien ? C'est là toute la question qui importe en réalité. L'Arabie saoudite a estimé, hier, indispensable de réduire la production mondiale de pétrole d'un million de barils/jour afin d'équilibrer le marché, au moment où la baisse des prix fait craindre une chute des cours comme en 2014. Est-ce suffisant pour équilibrer le marché ? La proposition formulée par les Saoudiens se base sur des indications techniques. L'analyse technique que nous avons passée en revue hier révèle que nous avons besoin d'une réduction approchant un million de barils par jour pour équilibrer le marché, a dit hier le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, lors de cette réunion. La veille, il avait annoncé que Riyad, le premier producteur au monde, allait réduire sa propre production, et diminuer en décembre ses exportations de 500 000 barils par jour par rapport à novembre. L'Arabie saoudite, qui a récemment lancé une série de projets pour sortir de son hyperdépendance au pétrole, a grandement souffert financièrement ces dernières années à la suite de l'effondrement des cours en 2014. Pour sa part, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Souheil al-Mazrouei, a souligné que l'objectif des pays Opep-non Opep était de trouver le bon équilibre pour le marché. Une nouvelle stratégie est nécessaire (...) que ce soit une baisse de la production ou autre chose, mais ce ne sera pas une hausse de la production. Quid des Russes ? Moscou s'attache à s'aligner sur la position de l'Opep. En réaction aux dernières déclarations de Riyad, le baril new-yorkais WTI et le baril de Brent, référence européenne, étaient tous deux en hausse, hier, de plus d'un dollar. Une infime hausse. Mais sur plusieurs semaines, la tendance des cours s'oriente vers la baisse. Pris en étau entre un bond de la production chez quelques grands producteurs et la crainte d'une baisse de la demande, les cours du pétrole ont chuté de près de 20% en un mois, après avoir culminé début octobre à leur plus haut niveau depuis quatre ans. Vendredi dernier, le prix du baril de Brent était passé sous la barre des 70 dollars pour la première fois depuis avril, et celui du baril new-yorkais sous les 60 dollars, à son plus bas depuis neuf mois. Il reste que toute décision officielle concernant une baisse de la production mondiale sera prise lors d'une réunion plénière prévue le 5 décembre à Vienne entre les pays non-Opep et les quatorze membres de l'organisation pétrolière. Les membres de l'Opep représentent à eux seuls le tiers de la production mondiale de brut. Youcef Salami