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"Même morts, nous n'avons pas trouvé notre place !"
Louiza Benrezzak, réalisatrice du documentaire "Terre Mère" sur l'identité
Publié dans Liberté le 17 - 11 - 2018

La réalisatrice Louiza Benrezzak a abordé dans son premier documentaire "Terre Mère" un sujet fort intéressant et original, à savoir le rapatriement des corps. "Quotidiennement de nombreux corps parcourent des centaines de kilomètres par avion ou par bateau. Pour les émigrés décédés, le retour au pays se fait par coutume ou par la volonté du défunt que les proches s'efforceront de respecter. Qu'en est-il pour leurs enfants nés en France ?"
À travers ce film dont la toile de fond est le retour "définitif" de ces hommes dans un cercueil, la réalisatrice interroge sur la place de l'identité. Projeté en 2017 aux RCB, et récemment à Mascara, cette œuvre sera inscrite dans le programme scolaire en France, et elle sera prochainement diffusée sur la Télévision algérienne.
Liberté : Dans votre documentaire Terre Mère , vous évoquez un sujet qui n'a jamais été exploité auparavant ; celui du rapatriement des corps des émigrés. Quel est l'élément déclencheur qui vous a poussé à réaliser ce film ?
Louiza Benrezzak : Pour la réalisation de Terre Mère, j'ai ressenti la nécessité de formuler un propos qui me paraissait manquant, et qui, d'ailleurs, me paraît toujours manquant. Il y a eu aussi la nécessité de prendre la place du discours. Dans ce documentaire, c'est la question identitaire ainsi que sa place que j'interroge. En fait, c'est très difficile de parler d'identité comme partout ailleurs, et c'est le cas plus particulièrement en France. Certes, c'est un film sur la société française, mais c'est également un film universel qui parle à toutes les sociétés. Il a été projeté au Canada, et le public l'a trouvé intéressant car il exploite différents sujets, notamment sur la situation des corps (rapatriement) et la question de la place qui dépasse celle de l'immigration. Ce film est universel car il parle aussi aux personnes qui ne sont pas forcément issues d'une colonie. D'ailleurs, l'idée du film m'est venue pour éviter les pièges dans lesquels on tombe habituellement, à savoir les gens qui me "ressemblent".
Je considère que je suis 100% Française et 100% Algérienne, qui signifie que je suis 200% des deux. Je déteste tous les termes du genre française d'origine algérienne, rebeu… Alors, j'ai résumé cela avec du 100% et non du 50% ! Il faut rappeler qu'en 2005, la loi sur la reconnaissance du rôle positif de la colonisation a envenimé la situation en France. Il y a eu à l'époque des historiens comme Pascal Blanchard qui, à travers son ouvrage, La fracture coloniale, nous a "soulagés" un peu. Par ailleurs, ils (les citoyens) ne sont pas majoritaires à avoir accès à ce genre d'ouvrages ! À ce moment-là, je me dis qu'il faut réaliser un film pour la télé. La télévision est un outil accessible à tous.
Vous avez choisi la mort pour parler d'identité. Pourquoi avoir entrepris cette démarche ?
J'ai choisi la mort pour éviter toutes les questions de classe sociale et de religion. J'ai voulu tirer le débat vers le haut car j'avais l'impression que nous étions pollués et qu'on nous ramenait toujours aux mêmes histoires que celles de la génération précédente, celle de nos parents.
Pour mon film, je ne voulais pas évoquer le sujet de la naissance, de l'union amoureuse ou du mariage mixte, car cela relève des clichés ! En revanche, les funérailles n'ont jamais été exploitées, cela permet de mettre tout le monde d'accord et devant sa propre responsabilité en termes d'identité.
Il y a une touche qui relève de la fantaisie dans ce documentaire. Vous avez décidé d'organiser vos propres funérailles et d'effectuer votre "rapatriement" dans un cercueil…
Je ne voulais pas faire un reportage sur les émigrés vieillissants, mais de mettre en avant un autre dispositif. On ne peut pas tout expliquer dans un film, et ce dispositif surprend, et c'est cela le cinéma ! Je voulais sortir du lot, pas seulement dans le fond, mais aussi dans la forme. À cet effet, je me suis rendu compte qu'il fallait mettre en scène une touche fictive comme celle de mes funérailles. Au départ, j'ai pensé mettre en scène plusieurs éléments, notamment les trois rites, mais je ne me voyais pas me vêtir d'un linceul ; l'urne n'était pas nécessaire puisqu'on peut en parler autrement, et puis le cercueil a été instinctif. Cette idée a vite pris du sens et c'était très réfléchi de ma part. Outre suscité le débat, je voulais également déconstruire les préjugés. Car, la plupart souhaitent le rapatriement pour ne pas finir dans une boîte en bois. Cette expérience a été pour moi un voyage métaphysique.
Lors de cette enquête, nous apprenons grâce à M. Bencheikh, responsable des pompes funèbres musulmanes à Paris, que beaucoup désirent se faire enterrer au pays pour des raisons financières et pour absence de carrés…
En Europe, il y a un système de concession qui est payant, et il faut que la famille suive, sinon la concession n'est pas renouvelée. Outre le côté financier, il y a le problème de places ; il n'y a pas assez de carrés.
La place réservée aux émigrés n'a pas été aménagée ! Nous n'avons pas eu de réponse sur les droits du logement ; néanmoins, nous pouvons parler de notre dignité, de notre place étant décédés.
Il faut savoir que ce sont les maires qui décident des places dans les cimetières, et cette "capacité" à créer des carrés musulmans m'a interpellée. Nos parents sont Français, et on s'aperçoit que même morts, ils n'ont pas trouvé leur place ! Nos parents ont décidé d'être enterrés dans leurs cimetières familiaux en Algérie, mais notre génération se pose d'autres questions.
Ce qui m'intéresse, c'est de m'interroger de mon vivant et de dire : "Il n'y a pas de place pour des gens comme nous." Je ne voulais pas rentrer dans la polémique, mais c'est une part du film, il faut savoir que durant les années 2000, nous étions à 220 carrés. C'est de la discrimination jusque dans la mort. Ils disent clairement : "Vous n'appartenez pas à ce pays." D'ailleurs, à travers mon film, je ne tente pas d'apporter des réponses sur cette situation, seulement de faire réfléchir les gens et de les pousser à se poser des questions afin de les ramener à leur identité. Et ce sont ces questions qui m'ont amenée à mettre en scène le film de la sorte.
L'un des protagonistes du film a confié être "une composition des deux cultures". Pensez-vous que la génération d'aujourd'hui est "perdue" entre la tradition familiale et la société française ?
Nos parents sont partis en France, tout en gardant leurs traditions. Alors, la nouvelle génération se retrouve entre l'enclume et le marteau, soit entre la société et les parents, et ce, comme dans toutes les sociétés du monde. Je pense que les problèmes identitaires représentent les vrais nouveaux enjeux, ces derniers ne sont pas récents, mais particulièrement présents maintenant. Terre Mère est ma réponse à ces questions-là ! On peut parler d'identité de manière simple car le constat est simple : ce n'est pas dans ma famille algérienne que je me suis sentie faible en tant que femme, mais dans la société dans laquelle je vis.
J'ai longtemps subi des clichés coloniaux, qui me ramènent à chaque fois à ma condition de femme, et cela rend la vie dure. Nous sommes la France, nous avons nos places à l'école, dans les hôpitaux, dans le sport... Nous avons fait nos preuves dans tous les domaines ! J'ai appuyé mon enquête en interrogeant des jeunes de ma génération (la trentaine) et d'autres moins jeunes (la vingtaine). Et ces personnes partagent des avis divers. En France, comme ailleurs, les problèmes identitaires ont engendré des conséquences sociétales.
Entretien réalisé par : Hana Menasria


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