Le Centre de documentation et d'information sur les droits de l'Homme (CDDH) de Béjaïa a abrité, hier après-midi, une importante réunion avec des militants des droits humains, des militants politiques et associatifs, des syndicalistes. L'enjeu : réagir à la série d'interdictions qui touchent notamment les espaces d'expression, à l'instar des cafés littéraires d'Akfadou et de Chemini, ainsi qu'aux arrestations de journalistes, de militants politiques et de personnalités du monde de la culture et du sport. La rencontre, décidée mardi dernier, à l'issue d'une autre séance extraordinaire où une bonne partie des acteurs présents avait débattu de "la situation gravissime prévalant dans notre pays" où "les libertés démocratiques, chèrement acquises par des sacrifices énormes consentis par des hommes et des femmes épris de justice et de liberté, sont carrément bafouées". Lesquelles violations ont été rappelées, hier, pour mettre les nouveaux membres au même niveau d'information, en l'occurrence les arrestations jugées arbitraires de journalistes, d'artistes, de militants politiques, de sportifs et de tant d'autres. Lesdites violations sont caractérisées en outre par des "interdictions de cafés littéraires, de rencontres culturelles, de conférences-débats, etc." et par des "obstructions conscientes aux activités syndicales et politiques". Aussi, devant cette situation, qualifiée d'inédite, les acteurs, qui doivent rendre publique, dans les prochaines heures, une déclaration, ont appelé à une mobilisation la plus large possible pour faire barrage à toutes ces dérives, qui mèneront, inévitablement, a- t-on mis en garde, le pays vers le chaos. Une déclaration qui doit être signée individuellement car on a expliqué, en substance, que souvent, le document est signé par d'innombrables sigles, mais on se retrouve sur le terrain avec une poignée de gens. "Toute signature équivaut à un engagement", a rappelé, avec insistance, Karim Bourdjioua, ancien député et membre de la société civile. Avant l'ouverture du débat, le responsable du CDDH de Béjaïa, Hocine Boumedjane, a rappelé qu'il y a des gens qui ont émis le vœu d'élaborer une charte sur les droits et les libertés car ils estiment qu'il faut tirer la sonnette d'alarme. Le premier à intervenir est l'avocat et cadre du RCD, Me Benyoub, qui a d'emblée indiqué que la situation des droits de l'Homme est très critique. "Chaque jour, on entend des arrestations, souvent arbitraires. Tout le monde n'est pas à l'abri. Les espaces d'expression sont fermés. Il est temps de s'unir." Et en sa qualité de défenseur du blogueur Merzoug Touati, il a indiqué qu'en vingt ans de métier, c'est la première fois qu'il assiste à deux transferts, "en une semaine, d'un détenu (de Béjaïa à Bouira et ensuite vers Blida, ndlr)". Pour l'ancien président de l'APW de Béjaïa, Rabah Naceri et membre de Mouwatana, il faut penser à des actions réfléchies. Il estime que ce que subissent la société et les acteurs sociopolitiques n'est qu'une entrée en matière du pouvoir politique. Ce sont des avertissements. Il est convaincu que la situation va s'aggraver. M. OUYOUGOUTE