"Protester contre le déni de liberté", "Exiger la libération immédiate des détenus politiques, d'opinions et de confessions" et "Pour le respect des droits politiques et sociaux" sont autant de mots d'ordre du rassemblement organisé, hier, à la place Saïd-Mekbel de Béjaïa, par la section locale du Forum social algérien (FSA), créée le 13 janvier dernier à Oran. Regroupant plusieurs associations, syndicats autonomes, Ligues des droits de l'Homme, mouvements sociaux, dont le Comité de solidarité aux travailleurs, Comité national pour la défense des droits des chômeurs, Conseil des lycées d'Algérie, café littéraire de Béjaïa..., ce nouveau cadre organisationnel se veut un prolongement de l'ONG dénommée "Forum social mondial (FSM)". "Fruit de diverses rencontres entamées des mois auparavant, le FSA, réunissant à Béjaïa de nombreuses dynamiques algériennes, a relevé et dénoncé la situation périlleuse du pays au niveau politique, notamment le non-respect des libertés et des droits humains. Une situation accentuée par des lois instituant l'inégalité dans le genre et des lois et décisions sur le plan social et économique, qui compliquent davantage la vie des Algériens, déjà bien éprouvés", a lancé, d'emblée, Hocine Boumedjane, responsable du centre d'information et de documentation des droits de l'Homme (CDDH) de Béjaïa, lors de son intervention. Sur un ton virulent, Kader Sadji, ancien journaliste et l'un des animateurs du café littéraire, s'en prendra au ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qu'il qualifiera de "premier intégriste du pays", lui qui veut "éradiquer" la secte religieuse des Ahmadis, sous prétexte que ses membres sont des "intégristes". Or, poursuit-il, les Ahmadis constituent une menace sérieuse au rite malékite dont se réclame l'Etat algérien. Le vice-président de la Laddh, Saïd Salhi, tonnera : "L'heure est vraiment grave", tout en ajoutant : "Tous les espaces de libertés sont attaqués." "Nous assistons quotidiennement à des interpellations de blogueurs, de journalistes, de syndicalistes et autres militants de la mouvance démocratique, pour le seul tort d'exprimer une opinion différente", a-t-il déploré, citant les cas de "Slimane Bouhafs, des détenus du M'zab, dont le Dr Fekhar, qui croupissent toujours en prison". Invitée à prendre la parole, la jeune Tilelli Bouhafs, fille du détenu Slimane Bouhafs, un chrétien, condamné par la justice pour "offense à l'islam", appellera les responsables de l'institution judiciaire à "arrêter et emprisonner ceux qui dilapident l'argent du peuple et pillent les richesses du pays", au lieu de "s'attaquer aux militants des libertés démocratiques". De son côté, Djamel Atta, un ancien élu à l'APW de Béjaïa, réitérera les principales revendications du FSA, notamment "le respect des droits d'opinion, d'expression et de culte", "l'arrêt de la répression sous toutes ses formes et le respect inconditionnel des droits des personnes emprisonnées", "le rejet des lois scélérates qui menacent les fondements de la République", "la satisfaction pleine et entière des revendications légitimes des étudiants..." KAMAL OUHNIA