Plusieurs militants ont répondu à l'appel de la Laddh pour ses actions à l'occasion du 5 Octobre. Le collectif citoyen pour les libertés, né dans le sillage de l'interdiction de l'université d'été de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), a tenu, jeudi, son sit-in devant le siège de la wilaya de Béjaïa. Ils étaient nombreux, les militants politiques, associatifs, les syndicalistes et de simples citoyens, à venir dénoncer l'interdiction de l'activité de la Ligue, prévue du 5 au 8 de ce mois à Souk El-Tenine. Devant le siège de la wilaya, une banderole géante sur laquelle on pouvait lire "Pour le retour au régime déclaratif et l'abrogation de tous les dispositifs contraires à l'exercice des libertés publiques" est arborée par les manifestants aux côtés d'autres pancartes sur lesquelles sont transcrits des slogans en faveur des libertés démocratiques et pour l'ouverture du champ politique. Après cette action, les manifestants se sont dirigés ensuite vers la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel, pour la tenue, symbolique s'entend, de l'université d'été de la Laddh. Un membre du collectif a lu la déclaration appelant à cette protestation. La parole a été donnée ensuite aux différents acteurs signataires de l'appel. Le président de la Laddh, Me Hocine Zehouane, a été le premier à intervenir. Il a d'emblée indiqué que "si on devait réfuter les arguments, ils seront ridiculisés. J'ai ici dans mon cartable tous les documents qui l'attestent", et ce, après avoir salué Béjaïa "devenue le phare de la résistance en Algérie". Et d'ajouter avec insistance que "depuis longtemps, j'ai pensé passer la main à la jeune génération pour en faire de cette Ligue une ligue populaire". Au cours de son intervention, il n'a pas manqué de dénoncer fermement ce coup de force du pouvoir contre sa Ligue et les coups de forces précédents, perpétrés contre les cafés littéraires de Béjaïa et d'Aokas et de préconiser des actions pacifiques face à la brutalité du pouvoir afin de "démolir cette loi scélérate de 2012". Le président du bureau de wilaya de la Laddh de Béjaïa, Hocine Boumedjane, a salué "la mobilisation et la détermination de toute la société civile contre toute atteinte par le pouvoir à l'expression libre dans notre pays", ajoutant que Béjaïa "est le bastion des luttes démocratiques". Il a appelé à l'union de toutes les forces militantes des libertés démocratiques. Pour un membre du café littéraire de Béjaïa, Kader Sadji en l'occurrence, cette université "populaire symbolique" est un engagement pour contrecarrer cette interdiction. "Il faut penser à construire un mouvement de protestation dans la société pour donner une réponse à ce pouvoir afin de ne pas rester spectateur car notre silence est une forme de complicité", déclare-t-il, avant d'appeler à la libération des détenus, Bouhafs et le blogueur Touati. Le secrétaire général de l'UDS, un parti non agréé, Karim Tabbou, était présent au rassemblement pour exprimer "sa solidarité avec la Laddh et le café littéraire de Béjaïa et d'Aokas". M. Tabbou a estimé dans son intervention que "le pouvoir ne veut pas laisser la société décider. Il ne lui fait pas confiance". L'intervenant n'a pas manqué de faire l'autocritique des partis politiques et d'appeler la société civile à imposer "son indépendance" et le "rassemblement de toutes les forces pour des perspectives futures autour des objectifs communs". Kamal Aïssat, du PST, soutient, quant à lui, que "le changement viendra du peuple en construisant un rapport de force dans la société". De son côté, le président du bureau régional du RCD de Béjaïa, M. Lebdouci, a qualifié cette interdiction de l'université d'été "d'une provocation de plus du pouvoir". L'intervenant s'engage au nom de son parti à soutenir la Laddh et à ne faire aucune concession ni soumission au pouvoir. Naceri Rabah de Jil Jadid a, lui aussi, déclaré le soutien de son parti à la Laddh et aux actions de protestations pour les libertés démocratiques. Plusieurs autres intervenants, entre autres Fatah Bouhmila du Cnes et membre du Café littéraire d'Aokas, Rezki Rabah du comité de soutien aux travailleurs de Béjaïa et du député indépendant Brahim Bennadji, ont pris la parole pour exprimer leur solidarité avec la Laddh avant que le vice-président de ladite Ligue, Saïd Salhi, ne demande au public présent d'observer une minute de silence à la mémoire des victimes d'Octobre 1988. Il a, en outre, déploré que le pouvoir politique s'attèle depuis quelques années à remettre en cause les acquis arrachés par le sacrifice de ces jeunes victimes de la répression, tout en invitant les protestataires à se disperser dans le calme, à la fin de son intervention. L. OUBIRA