Depuis la mise en place de la commission nationale de préparation du congrès, les contestations ne cessent de se faire jour au sein de ses démembrements locaux. Les travaux du 6e congrès du mouvement Ennahda se sont ouverts, hier, en présence de plus de 700 délégués des wilayas, mais aussi de l'absence de 53 cadres les plus influents du parti qui ont annoncé dans un communiqué, il y a quelques jours, leur décision de boycotter la réunion de la plus haute instance du parti, dont ils remettent en cause la régularité. Le secrétaire général sortant, Mohamed Douibi, a indiqué que "le congrès s'est bien déroulé" en minimisant le poids des contestataires. "53 absents ne pèsent rien devant les 700 délégués du congrès", a-t-il indiqué, en rappelant que "les portes étaient ouvertes devant eux, mais ils ont choisi le boycott. Que peut-on faire pour eux. On ne peut s'arrêter. Ils ont le droit de participer et de proposer leurs idées, nous sommes un parti démocratique". M. Douibi a estimé que les affirmations des boycotteurs, qui remettent en cause la légitimité du congrès, ne sont que "du parasitage médiatique". Et de préciser : "Notre congrès est légal, il a été préparé dans le cadre de la loi." Il rappelle à titre d'exemple que "la commission chargée de la préparation du congrès a été élue par le conseil national en toute transparence, et en présence d'un huissier de justice, il y a six mois, soit depuis le 4 mai dernier, qui a aussi élu le président de cette même commission". Selon lui, les partisans du boycott "voulaient diriger les résultats du congrès vers leurs propres intérêts, mais nous leur avons dit que nous étions un parti politique démocratique, on ne peut anticiper sur les résultats du congrès". "Ils voulaient préparer la liste des nouveaux dirigeants à l'avance comme si nous nous préparions à un deal et que nous n'étions pas dans un parti politique activant selon les lois et les principes. Nous le rejetons catégoriquement. Nous leur avons dit : ‘Venez vous porter candidat en toute transparence, et celui qui a un argument solide, qu'il vienne le défendre, et nous saurons alors de quel côté est le droit'." Il est clair, selon lui, que les boycotteurs seront absents de la prochaine direction du parti, en précisant, en ce qui le concerne, qu'il serait au service des militants du parti, si ces derniers le souhaitent. 53 cadres regroupés au sein d'une commission de coordination et de suivi boycottent le 6e congrès pour dénoncer des "irrégularités" ayant émaillé sa préparation. Selon l'ancien député, Youcef Khebaba, la décision fait suite à "plusieurs tentatives visant à régler la crise organique" qui couve au sein du parti depuis 2015, et qui est partie d'une mésentente entre les membres du bureau national et le secrétaire général pour se transformer en conflit ouvert entre ce dernier et le conseil consultatif (madjliss echoura). Le président de ce dernier, Mohamed Athmania, accuse le secrétaire général actuel, Mohamed Douibi, d'outrepasser ses prérogatives, mais aussi de ne pas respecter les décisions du conseil consultatif et de transgresser les statuts du parti et son règlement intérieur, en sus d'être responsable de l'échec du projet de fusion avec le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Aussi, depuis la mise en place de la commission nationale de préparation du congrès, les contestations ne cessent de se faire jour au sein de ses démembrements locaux en raison du "nombre de dépassements et de contradictions avec les statuts du parti". AMAR R. [email protected]