La crise qui couve au sein du Mouvement Ennahda n'est pas prêt à connaître son épilogue. Une session extraordinaire du conseil consultatif du parti est convoquée pour le 4 mai prochain. Mais, le rendez-vous en question semble partager plus qu'il ne rassemble les enfants de cette formation islamiste qui ne cesse de perdre du terrain, surtout avec l'émergence du MSP «rassemblé» comme première force de ce courant. Mohamed Douibi a appelé les membres du Madjliss Echoura «à participer à la session extraordinaire prévue le vendredi 4 mai au siège national et dont l'ordre du jour est l'installation de la commission de préparation du sixième congrès», peut-on lire dans l'invitation publiée sous forme de publicité dans un quotidien national. En procédant de la sorte, le secrétaire général d'Ennahda envoie un message fort à ses adversaires qu'il exerce le plus normalement ses prérogatives. Pourtant, on ne l'entend pas de cette oreille au sein du Madjliss Echoura que dirige Mohamed El Hadi Athmania. Ce dernier, contestant la légalité de la session convoquée par le SG du parti, a appelé l'ensemble des membres «à faire barrage au projet de division» en avortant la tenue de cette réunion. Dans un communiqué, Athmania accuse Douibi «de continuer à violer les statuts et outrepasser les prérogatives du conseil consultatif, en utilisant certains de ces membres pour appliquer son plan visant à diviser le Mouvement, après avoir échoué à sauvegarder son Bureau national ». Et partant de ce qu'il considère comme «une prérogative» que lui confèrent les statuts, Mohamed El-Hadi Athmania estime nécessaire d'apporter quelques «éclaircissements». D'emblée, il explique donc que la session convoquée par le secrétaire générale «est illégale, vu l'article 28 des statuts». Selon cet article, le Conseil consultatif se réuni en session ordinaire chaque six mois et de façon extraordinaire en cas de besoins. «Il est convoqué par son président, par le secrétaire général après accord du bureau national et enfin par un tiers de ses membres». Ce qui n'est pas le cas pour «l'invitation» de Mohamed Douibi qui fait justement référence à la troisième option. «le SG a mélangé entre les prérogatives exécutives et l'indépendance du Conseil consultatif. De ce fait, il n'a pas le droit de convoquer une session qui relève des mission du président du conseil une fois informé par un tiers des membres et après avoir attesté de la bonne forme de la demande», soutient Athamnia. De plus, le président du conseil estime que l'ordre du jour de l'installation de la commission de préparation du congrès, «ne justifie pas le caractère extraordinaire de la session» surtout que le 6e congrès est ordinaire et que les délais ne sont toujours pas passés. L'autre vice de forme relevé par Athmania réside dans le fait que Douibi ne l'a pas tenu informé de cette démarche. «Ce qui pose de multiples interrogations», écrit le président du Madjliss Echoura, ajoutant que «la précipitation d'appeler à une session extraordinaire vise à faire échouer les efforts consentis depuis un mois et qui tirent à leur fin pour la tenue d'une session ordinaire qui nous mènera à un congrès rassembleur et réussi». C'est dire que les choses vont en s'envenimant au sein du Mouvement Ennahda, maintenant que Douibi et ses opposants n'arrivent plus à s'entendre sur les rendez-vous organiques. Le risque de voir le Conseil consultatif se réunir à deux reprises n'est pas écarté. Une situation de division qui pourra pousser le ministère de l'Intérieur à intervenir, et au pire des cas pour geler l'agrément au parti.