Le secrétaire général d'Ennahda, Mohamed Douibi Mohamed Douibi fait face à une contestation des plus féroces depuis son intronisation à la tête de ce mouvement. La mouvance islamiste ne sait plus à quel saint se vouer, les dissensions et les divisions sont devenues son pain quotidien. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la crise au sein de la famille islamiste renseigne manifestement sur la vulnérabilité et la porosité qui frappent cette mouvance, contrairement à ce qu'on montre à l'opinion comme étant une sorte de «fratrie» soudée et rompue à l'esprit du corps et la discipline de fer. Le cas du parti islamiste Ennahda montre on ne peut plus clairement cette situation de déchirement et de luttes internes entre courants et tendances sur des thèmes qui engagent son existence et sa survie. Cette formation qui est l'ancêtre des mouvement créés par Abdallah Djaballah et ses «adeptes», est en train de subir les mêmes conséquences des autres partis de la mouvance islamiste. Le secrétaire général d'Ennahda, Mohamed Douibi fait face à une contestation des plus féroces depuis son intronisation à la tête de ce mouvement, il est accusé d'user des prérogatives qui ne sont pas les siennes en sa qualité de secrétaire général d'Ennahda, comme il fait aussi dans le blocage des décisions qui ont trait à la tenue du congrès et ses modalités en guise de sa préparation, alors que le mandat de ce dernier a été bel et bien consommé. Le mouvement de contestation est mené par le président du conseil consultatif «madjlisse Echoura», qui n'est autre que Mohamed El Hadi Athmania, allant jusqu'à étaler le linge sale d'Ennahda en public. La fissure se fait sentir dans son ampleur et sa profondeur eu égard à la teneur des propos utilisés par le président du conseil consultatif en déclarant que «le secrétaire général s'est rebellé contre les institutions du mouvement et appelé certains conseils consultatifs de wilayas à rejeter vos décisions. Il a divulgué les secrets des délibérations et les a diffusés en dehors des cadres réglementaires. Ces actions ont perturbé le bureau national et conduit à la démission des deux-tiers de ses membres. Le parti se retrouve sans bureau aujourd'hui», a rétorqué Mohamed El Hadi Athmania. Ce réquisitoire prouve s'il en est que le secrétaire général d'Ennahda fait face à des tirs croisés de la part du conseil consultatif national représenté par son président ainsi que ceux qui se reconnaissent dans cette démarche et le bureau national de ce parti. C'est dire que le SG d'Ennahda est voué aux gémonies. Ce constat coupe court avec l'approche qui se propageait à propos de cette mouvance islamiste consistant à la présenter comme un mouvement dépositaire de la transparence, de la gestion dans la clarté des affaires internes de ses structures. Le secrétaire général d'Ennahda, Mohamed Douibi en l'occurrence, donne l'image d'un responsable politique usant de pratiques le moins que l'on puisse dire, autocratiques pour ne pas dire despotiques. C'est la première fois qu'un parti islamiste fait recours à de tels propos aussi directs et forts quant à des comportements faisant dans le pouvoir personnel et de la décision unilatérale sans se soucier des structures dirigeantes de cet outil politique. Selon la lettre du président du conseil consultatif national qui a été publiée à qui veut lire, le SG actuel s'est comporté en dehors des textes qui régissent et encadrent le fonctionnement du parti. Dans le même sillage, Mohamed El Hadi Athmania a indiqué que «aller vers de telles assises dans de telles circonstances, c'est une aventure qui risque de mener notre mouvement vers l'inconnu», allusion faite aux décisions personnelles de Mohamed Douibi qui en appelle à la tenue des assises du parti sans respecter les modalités exigeant la tenue d'un congrès en bonne et due forme. La situation n'est pas du tout reluisante au sein d'Ennahda, une situation qui démontre l'état de la déconfiture et des clivages profonds qui annoncent une faillite et une dislocation d'un mouvement islamiste qui n'a évolué qu'à travers des stratagèmes et les ruses fomentés contre ses pairs depuis sa création à nos jours. Ce tableau qui a été dressé par ceux qui constituent sa matrice militante, assure que les deux tiers du bureau national du parti se sont désolidarisés de leur secrétaire général en exercice, ce qui montre l'état d'impasse et de banqueroute de cette formation qui n'a aucun poids sur la scène politique nationale après ce qu'elle a connu comme bérézina lors des deux rendez-vous électoraux, les législatives et les locales passées. Ce qui est étonnant dans cette crise qui ronge Ennahda, est le fait que le secrétaire général avait opté pour une alliance avec le Front de la justice et de développement (FJD) de Abdallah Djaballah et El Binaa du transfuge du MSP, Ahmed Dane, mais cette alliance qui a été juste une union conjoncturelle lors des élections législatives et locales dans la perspective d'éviter une débâcle électorale, n'a pas résisté aux luttes intestines qui frappent jusqu'à aujourd'hui une mouvance qui cherche le leadership de la façon qui élimine toutes les variantes qui la constituent pour laisser la voie à une seule variante qui sera l'incarnation et la dépositaire de tous les islamistes en présence. Le secrétaire général d'Ennahda, Mohamed Douibi a tout fait pour sceller l'alliance de son parti avec les deux mouvements suscités, à savoir le FJD et El Binaa, alors que les cadres et la base militante de ce parti rejetaient d'emblée cette alliance qualifiée d'aubaine pour Abdallah Djaballah et son mouvement où sa mainmise sera certaine. Cette guerre interne s'est illustrée après que le conseil consultatif national à travers ses membres a décidé d'entreprendre une fusion au sein du MSP, alors que Mohamed Douibi ne voulait pas entendre de cette oreille la volonté de la majorité du bureau national et du conseil consultatif. Les élections législatives et locales sont pour beaucoup dans la déconfiture et la débâcle de beaucoup de partis qui constituent la mouvance islamiste. Cette réalité post-électorale est en train de faire ses décantations qui se font sentir tel un chaos politique jamais ressenti au sein de cette mouvance avec autant de puissance et de force. La mouvance islamiste vit son automne politique, l'atomisation d'Ennahda n'en est que le prélude saillant.