Les observateurs s'accordent à dire que la valeur des exportations hors hydrocarbures (EHH) que réalisera l'Algérie d'ici à fin 2018 n'atteindra pas les 3 milliards de dollars. Le montant dépasserait peut-être les deux milliards de dollars mais en dessous de ce seuil prévisionnel du ministère du Commerce. Il serait plus judicieux de rappeler que 72% des produits exportés durant les neuf mois de l'année sont des dérivés des hydrocarbures. Outre Sonatrach, trois sociétés mixtes ont exporté essentiellement des fertilisants qui demeurent des produits énergivores puisque composés à 70% de gaz. La croissance, en valeur, réalisée par ces produits, a eu un lien direct avec la hausse enregistrée par les prix du pétrole et du gaz durant le premier semestre de l'année 2018. C'est sur cette base, d'ailleurs, que le département de Saïd Djellab a arrêté le montant des trois milliards de dollars. Car, de ce total, Sonatrach a concrétisé plus de 517 millions de dollars durant les 9 premiers mois. Vient dans le classement la société mixte algéro-omanaise AOA, qui a exporté de l'ammoniaque pour près 476 millions de dollars. Le troisième classé est la société algéro-qatarie Sorfert avec une valeur des exportations d'ammoniaque et d'urée évaluée à 345 millions de dollars, alors que la société algéro-espagnole (Fertial) a exporté environ 160 millions de dollars. Tous ces produits exportés ont atteint de tels montants parce que les cours du pétrole ont connu en augmentation pendant les 6 premiers mois. Ce ne sera pas le cas pour les mois qui restent de l'année où les prix subissent une chute. "La valeur des EHH augmente lorsque les prix du baril suit une courbe ascendante. C'est mécanique", affirme Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Il n'est pas aisé de maîtriser les données prévisionnelles et d'avancer des statistiques, indique M. Nasri, quand on dépend des prix des hydrocarbures. Ainsi, toutes ces sociétés, créées en partenariat avec Sonatrach, n'ont pas besoin des facilitations douanières accordées par l'Etat à l'export. Elles n'ont besoin plutôt que du prix du gaz et non pas des avantages des pouvoirs publics. D'où la nécessité de revoir ces analyses chiffrées mises en exergue par le ministère du Commerce en matière d'EHH. Le président de l'Anexal a, de ce fait, mis l'accent sur l'indispensable révision de cette démarche. Cevital, premier exportateur réel En termes plus clairs, dans les analyses de ces EHH, la tutelle ne doit pas tenir compte des valeurs concrétisées par Sonatrach et ces trois sociétés mixtes. "Pour une meilleure visibilité et une lisibilité claire de ces exportations, il faut faire des analyses du taux de croissance par filières tel que cela se fait de par le monde", suggère M. Nasri. Les filières agroalimentaire, agricole, mécanique, électroménager, téléphonie mobile, ciment… doivent faire l'objet d'une analyse propre à elles en termes d'exportations. C'est avec ces données que l'on pourra élaborer une stratégie pour chaque filière. Exemple : le ciment, dont les exportations ont atteint 12 millions de dollars, bénéficiera d'un programme spécifique suivant les perspectives qui se présentent dans le secteur. À noter que le groupe Cevital demeure, estime le président de l'Anexal, le premier exportateur réel avec un montant de 235 millions de dollars. Le groupe présidé par l'homme d'affaires, Issad Rebrab, exporte, entre autres produits, du sucre, du verre plat et des machines à laver… vers 40 pays. Il reste à savoir, à présent, si l'objectif tracé par le ministre du Commerce de faire de l'année 2019 une année des EHH sera concrétisé. B. K.