Les trois poids lourds de l'échiquier pétrolier mondial, l'Arabie saoudite, la Russie et les Etats-Unis, devraient se réunir la semaine prochaine à Buenos Aires, en Argentine, en marge du sommet du G20. C'est une rencontre qui pourrait décider des futures tendances au sein de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) qui devrait débattre, le 6 décembre prochain, avec ses alliés non-Opep, d'une nouvelle action sur le marché, de nature à faire face à l'abondance de l'offre et à la rechute des cours du brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier, la référence américaine du pétrole, a clôturé la semaine à 50,42 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit une baisse de 4,21 dollars et 7,7%, alors que le Brent est, pour sa part, passé brutalement sous la barre symbolique des 60 dollars et a fini à 58,80 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Les cours de ces deux références de l'or noir n'ont plus coté aussi bas depuis octobre 2017 et ont perdu environ le tiers de leur valeur sur les sept dernières semaines. Face à de tels niveaux de prix, l'Opep et ses partenaires non-Opep devraient discuter d'une nouvelle réduction de la production lors de la prochaine réunion ordinaire prévue le 6 décembre à Vienne (Autriche). Cependant, à quelques jours de cette réunion plutôt décisive, les plus grands producteurs de brut devraient se réunir en marge du sommet du G20 à Buenos Aires. Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, et le président russe, Vladimir Poutine, discuteront de la fourchette de prix optimale, mais le président américain Donald Trump pourrait jouer à nouveau les trouble-fêtes après avoir obligé l'Opep à revoir sa politique de soutien au prix lors de sa dernière réunion ordinaire de juin dernier. L'Organisation et ses alliés non-Opep, dont l'Arabie saoudite, ont voté en faveur de l'abandon du mécanisme des quotas et d'une hausse de la production d'environ 1 million de barils par jour. La décision s'est révélée contreproductive, puisque nombre de pays producteurs se sont mis à pomper sans retenue, faisant grimper l'offre mondiale à des niveaux problématiques. L'équilibre de l'offre et de la demande est désormais rompu sous le poids d'une offre abondante et d'une demande pour le moins capricieuse. L'Opep a annoncé dans son dernier rapport mensuel pour octobre une hausse de sa production à 32,9 millions de barils par jour, particulièrement du fait de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. L'Arabie saoudite a pompé plus de 10,6 millions de barils par jour en octobre, alors que l'offre américaine s'était établie en moyenne à 11,7 mbj et la production russe signe un record post-soviétique à 11,6 mbj. Dans son dernier rapport pour octobre, l'Opep s'est montrée très inquiète quant à une offre qui revient au galop. Khalid al-Falih et Alexander Novak, les ministres saoudien et russe de l'Energie, doivent également se rendre à Buenos Aires avec leurs présidents. Leur présence est perçue comme une tentative de rassurer un marché qui dérape et qui semble être rattrapé par ses vieux démons. La rencontre à Buenos Aires interviendra après une semaine de panique sur le marché du pétrole. Le Brent enchaîne sa septième semaine de baisse et décroche de 22% en raison d'inquiétudes grandissantes sur l'offre. Idem pour la référence américaine. Une baisse qui semble satisfaire le président américain, mais qui sera de conséquences préjudiciables sur les économies des pays siégeant à l'Opep. Ali Titouche