Ce qui n'était qu'une annonce de l'agence officielle APS concernant le départ de Djamel Ould Abbès de la tête du FLN, pour le remplacer par un directoire présidé par Mouad Bouchareb, s'est finalement concrétisé depuis hier. Avec la mise sur pied de cette instance qui dissout toutes les structures du parti, les initiateurs viennent, ex-nihilo, s'engager dans un processus que d'aucuns qualifient de coup de force. Les changements survenus hier répondent-ils à une exigence statutaire prévue par le parti ? Autrement dit, les instigateurs de ce coup de force ont-ils pris le soin de mettre les formes nécessaires pour destituer le SG et les organes du parti ? Rien n'est sûr. Les textes régissant l'ex-parti unique sont clairs sur le sujet et ne prévoient en aucun cas le recours à un directoire pour le gérer. Les statuts du parti évoquent clairement dans l'article 28 que le congrès "est l'instance suprême du parti". C'est lors du congrès, précise le même article, que "le secrétaire général du parti est élu (…)". Idem dans l'article 31 qui définit les prérogatives du président du parti. Il est souligné, ainsi, que "seul le SG peut convoquer une session ordinaire ou extraordinaire du comité central". Cette dernière structure, explique l'article 34, "se réunit une fois par an en session ordinaire, comme il peut se réunir en session extraordinaire, quand la situation l'exige, sur demande du secrétaire général ou d'un tiers de ses membres". Cela dit, le comité central est l'instance souveraine entre deux congrès. Il est le seul organe habilité à décider d'un quelconque changement au sein du parti, de sa direction ou dans les textes le régissant. Dans l'article 35, il est précisé que "le comité central est l'instance qui élit le secrétaire général pour une durée de 5 ans". Concernant la vacance du poste de secrétaire général, les statuts du parti dans leur article 36 soulignent formellement que "c'est le membre le plus âgé du comité central qui assurera l'intérim pour une période ne dépassant pas un mois afin d'élire un nouveau SG en son sein". L'article 44 de même texte évoque simplement une commission de coordination consultative composée de membres du bureau politique, des chefs des deux groupes parlementaires…, mais à aucun moment les textes du parti ne prévoient le recours à un directoire pour remplacer le secrétaire général démissionnaire ou autre. En l'absence de référent statutaire à ce branle-bas brusque et non réglementaire, c'est l'entorse au règlement du parti qui continue. Selon des membres du comité central, le recours à un directoire équivaut à reconnaître "l'illégitimité de toutes les instances du parti depuis 2016". Plus explicites, ces membres ajoutent que "ni le maintien d'Ould Abbes à la tête du parti, ni le bureau politique et encore moins le comité central qui s'est mis en désuétude durant deux ans ne sont réglementaires". Mohamed Mouloudj