Le général Gilbert Diendéré a déclaré hier ignorer qui a commandité la tentative de coup d'Etat de 2015 au Burkina Faso, au deuxième jour de sa comparution au procès des putschistes présumés à Ouagadougou. "Je ne sais pas, je ne peux pas vous dire qui a commandité, qui a ordonné le coup d'Etat", a déclaré l'ex-chef d'état-major particulier du président Blaise Compaoré chassé par la rue en 2014 après 27 ans au pouvoir. Le général, qui avait catégoriquement nié la veille être à l'origine du coup de force raté, bien qu'il ait pris la tête du Conseil national pour la démocratie, organe dirigeant des putschistes, avant de rendre le pouvoir face à la pression populaire et à l'armée loyaliste. Gilbert Diendéré est accusé d'atteinte à la sûreté de l'Etat, trahison et meurtres, lors du putsch manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés en septembre 2015. Au total 84 accusés sont jugés par un tribunal militaire à Ouagadougou depuis le début du procès en février, dont un autre général, Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères sous l'ex-président Compaoré, également présent au procès. "Deux personnes m'ont appelé le 16 septembre pour me dire qu'ils ont procédé à l'arrestation des autorités de la transition. Ces deux personnes sont l'adjudant-chef Moussa Nébie et l'adjudant Florent Nion, qui étaient avec d'autres jeunes dont je ne connais pas l'identité", a poursuivi le général Diendéré, devant une salle d'audience comble comme la veille. L'adjudant Nion avait désigné lors de sa comparution le 4 juillet le général Diendéré comme le donneur d'ordres du coup d'Etat. Ancien chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité d'élite de l'armée et qui a perpétré le coup d'Etat, le général Diendéré a expliqué pourquoi il avait été porté à la tête des putschistes. "S'ils sont venus me chercher (les soldats du RSP, ndlr), c'est parce que c'est moi qu'ils appelaient lorsqu'il y avait une quelconque crise. Je n'étais donc pas étonné que le 16 septembre, les hommes viennent me chercher. Je ne pouvais pas non plus refuser", s'est-il justifié. R. I./Agences