Parcours du combattant pour Theresa May qui tente d'obtenir de nouvelles garanties sur l'accord du Brexit conclu avec l'UE, que cette dernière refuse de renégocier. Au lendemain de sa décision de reporter le vote de la Chambre des communes sur l'accord sur le Brexit, la cheffe du gouvernement britannique a entamé hier une tournée dans les principales capitales européennes pour tenter d'arracher des réassurances juridiquement contraignantes supplémentaires pour éviter que le Royaume-Uni ne se retrouve "piégé" par la clause de sauvegarde sur l'Irlande. Quasiment assurée d'essuyer une humiliante défaite devant le Parlement britannique, qui refuse de ratifier l'accord conclu entre son gouvernement et l'Union européenne en l'état, Mme May se lance dans cette tentative désespérée de convaincre les dirigeants européens d'accéder à ses requêtes. Selon la ministre chargée des relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, Mme May allait chercher des assurances "légalement contraignantes" afin d'éviter que le Royaume-Uni ne se retrouve prisonnier de la solution dite de "backstop" ou filet de sécurité après le Brexit, prévu le 29 mars 2019. Cette solution controversée prévoit de créer un "territoire douanier unique", englobant l'UE et le Royaume-Uni, le temps de trouver une solution à la question de la frontière irlandaise. Cette manœuvre est qualifiée de désespérée par le quotidien The Guardian, alors que le Times estime que Theresa May n'avait plus d'autre choix que "d'aller supplier les dirigeants européens de sauver son accord de Brexit". Mais elle risque de se retrouver face à un mur, d'autant plus que les dirigeants des 27 ont réitéré leur refus de rouvrir les négociations qui avaient abouti fin novembre après 17 mois de discussions âpres entre Londres et Bruxelles. C'est ce qu'a fermement assuré le président du Conseil européen, Donald Tusk, en déclarant : "Nous sommes prêts à discuter de la manière de faciliter la ratification britannique", tout en prévenant : "Nous ne renégocierons pas l'accord, y compris le filet de sécurité." C'est également l'avis du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui a souligné hier matin dans un tweet : "Je reste convaincu que l'accord de Brexit que nous avons est le meilleur – et le seul accord possible. Il n'y a pas de place pour une renégociation, mais de plus amples clarifications sont possibles." Ces positions seront certainement réaffirmées demain à l'occasion du sommet consacré au Brexit qui sera convoqué à Bruxelles pour répondre aux préoccupations britanniques, au premier jour du Conseil européen des 13 et 14 décembre. Ainsi, la marge de manœuvre de Theresa May est très étroite alors que la nouvelle date pour le vote des députés britanniques a été fixée pour le 21 décembre. Une motion de défiance du Parti travailliste de Jeremy Corbyn, pour renverser le gouvernement, ce qu'il écarte pour le moment, peut revenir sur la table à tout moment. Merzak Tigrine