Intervenant à l'occasion de la Journée de l'énergie, un évènement organisé par l'Ecole nationale polytechnique d'Alger (ENP) au siège de Sonatrach, le professeur émérite, Chemseddine Chitour, a présenté une communication riche en contenu où il a appelé à une mutation vers l'énergie renouvelable. Le pays n'a pas le choix, la transition énergétique vers le développement durable est inéluctable, a-t-il affirmé. Partout dans le monde, a-t-il ajouté, des stratégies sont mises en place notamment des bouquets énergétiques dont font partie les énergies fossiles, mais aussi les énergies renouvelables avec le plus grand gisement qui est celui des économies d'énergie. Seulement, le pays a besoin de clarifier quel acteur devrait être qualifié pour travailler sur des questions aussi importantes que les énergies renouvelables. Pour l'expert, Sonatrach est pour nous un atout. Mais, poursuit-il, il est important qu'à l'instar des grandes compagnies pétrolières (BP, Total, Exxon et Equinor) elle investisse dans le renouvelable. Chemseddine Chitour pense qu'avec une implication de Sonatrach, il est possible de réussir le plan de l'énergie renouvelable. Selon l'expert, l'Algérie dispose de l'un des plus importants gisements d'énergie solaire au monde avec une durée d'insolation de 2 000 à 3 900 heures par an. Pour lui, nous devons prendre exemple sur les pays développés et gagner une étape en misant sur la locomotion électrique. Ainsi, le potentiel est là pour apporter une valeur ajoutée à l'énergie et à l'économie de manière générale. L'expert a souligné que le programme des 22 000 mégawatts, initié par les pouvoirs publics, coûterait environ "30 milliards de dollars". Sa mise en œuvre permettrait d'épargner environ "300 milliards de m3 de gaz sur 15 ans" qui seraient disponibles pour les générations de 2030. Il peut permettre aussi de financer en partie le plan énergie renouvelable que nous devons aborder sans complexe en faisant appel à toutes les compétences industrielles, qu'elles soient publiques ou privées et à des partenaires qui ont fait leurs preuves. M. Chitour dit aspirer à un monde meilleur. Et, de son point de vue, c'est l'engagement de chacun qui permet de proposer une intelligence collective, une vision innovante. Chemseddine Chitour avance des chiffres qui donnent froid dans le dos. Il dira ainsi que la consommation de gaz naturel dépasse les 7% par an et qu'elle risque d'atteindre 50 milliards de m3/an. Et à ce rythme, la consommation des carburants grimpera à 26 millions de tonnes en 2030, un horizon où la majorité des pays abandonneront le moteur thermique. L'expert estime que le gaspillage est devenu "structurel". Présent à cette rencontre, Chahar Boulakhras, P-DG de Chariket Kahraba Wa Taket Moutadjadida (CKTM), une filiale de production d'électricité de la holding Sonelgaz, a estimé que l'énergie renouvelable gagnera en maturité pour devenir plus répandue dans le pays. Youcef Salami